les balades à vélo de Pierrot
le 21 décembre,
c'est l'hiver !
En 2019, pour son traditionnel séjour de la Pentecôte, le Cyclo Club Mendois a choisi de se frotter à un mythe, à une vraie légende du cyclisme : le mont Ventoux. Avec les autres clubs lozériens, nous avions déjà eu l’occasion d’y venir et de transpirer sur ses rudes pentes lors du séjour du comité départemental de cyclotourisme de Lozère en septembre quelques années auparavant. A cette occasion, nous avions été hébergés au village vacances « les Florians » et comme l’accueil y fut très chaleureux, nous avons renouvelé l’expérience en ce week-end du mois de juin. Mais il aura fallu s’y prendre longtemps à l’avance, très longtemps tellement la demande est importante lors de ces week-ends prolongés à cette époque de l’année. Le rendez-vous est donné le vendredi 7 juin en début de soirée pour prendre le repas tous ensemble.
Mais les pédales me démangeaient depuis de nombreux mois tout comme l’envie de découvrir les Dentelles de Montmirail depuis notre dernier passage dans la région. Alors, vers la fin du mois de mai, après avoir de nombreuses fois consulté les prévisions météorologiques sur Internet, je me décide à partir un jour plus tôt. Par chance, des places sont toujours disponibles au village vacances. Me voici donc parti depuis Mende ce jeudi après-midi pas forcément par le chemin le plus rapide mais par des routes touristiques via Les Vans, Barjac et Pont Saint-Esprit avant de prendre l’autoroute jusqu’à Orange. Il ne me reste plus qu’à rejoindre Carpentras puis Bédoin pour arriver aux « Florians » vers 18h00, juste à temps pour réserver mon pique-nique pour le lendemain midi. Cela m’évitera de devoir faire des courses en partant le matin comme je l’avais initialement prévu et c’est tant mieux !
A peine le temps de m’installer dans ma chambre et de sortir le vélo de la voiture et c’est déjà l’heure du dîner. Le repas est parfait : la cuisine, très bonne, est variée avec un choix important de plats. Et comme beaucoup de randonneurs et de cyclistes fréquentent l’établissement, les pâtes ne sont jamais bien loin avec leurs sauces et un large choix de fromages râpés. Il y a tout ce qu’il faut pour le plus grand plaisir des sportifs ! Le seul bémol, c’est la météo annoncée pour le vendredi : pas de pluie à l’horizon, seulement un grand soleil mais accompagné d’un fort vent du sud-est avec des rafales à plus de 70 km/h. Avant de me coucher, quelque peu inquiet, je jette un œil au ciel et au sommet du Ventoux que j’aperçois de ma chambre.
Le lendemain, au réveil, le soleil est effectivement au rendez-vous mais le vent aussi comme l’attestent les peupliers dont les cimes plient sous les rafales. Tant pis, je me lance quand même. J’en ai vu d’autre mais il faudra quand même être prudent et ne pas lâcher le guidon pour ne pas risquer de tomber au fossé. Le parcours que j’ai préparé est assez original avec une très grande partie sur route mais avec aussi 8 km environ sur chemin pour passer au plus près des Dentelles de Montmirail. Et comme ce parcours ne fait que 50 km, je peux prendre tout mon temps et en profiter pleinement sans trop forcer même s’il me faudra grimper les 1 000 m de dénivelée positive. Le mont Ventoux, c’est pour demain alors mollo sur les pédales !
Le temps de récupérer mon pique-nique après le petit-déjeuner, de sortir le vélo du garage et c’est le moment du départ vers 8h30. C’est désormais une habitude, le GPS me suit partout. Après une minutieuse préparation du parcours sur l’ordinateur, il n’y a plus qu’à se laisser guider au rythme des bips et des messages vocaux m’indiquant la direction à suivre, me laissant tout loisir de profiter des paysages et des villages traversés.
Après la sortie de Bédoin, le premier d’entre eux le village de Crillon le Brave. Perché sur sa colline en fleur, la vue depuis les hauteurs du vallon du Merdayé est très belle. Comme je me dirige globalement vers l’ouest en descendant vers la plaine, le vent n’est pas défavorable bien au contraire ! Je rejoins assez rapidement Caromb avant de prendre la direction de Beaume de Venise, à travers la vigne désormais omniprésente. Plus je m’en approche et plus les falaises calcaires des Dentelles de Montmirail se découvrent, majestueuses. Vers 9h30, me voici au point bas de ma balade en franchissant le ruisseau de la Salette puis traverse le cœur du vieux village de Beaume de Venise.
Maintenant, ça va monter presque sans aucun répit jusqu’au col d’Alsau à 445 m d’altitude. Habituellement, pas de quoi m’inquiéter avec 350 m de dénivelée positive en 7 km mais là c’est un peu le saut dans l’inconnu avec plus de la moitié de la grimpette sur des chemins. Sur la carte IGN et les photographies aériennes, ces chemins semblent très larges mais sont-ils assez roulants ou, au contraire, pleins de caillasses ? La réponse se fera connaître dans les prochains kilomètres.
A la sortie de Beaume les Venise, les premiers hectomètres traversent une forêt de pins avant de retrouver le vignoble sur le replat au niveau du hameau d’Urban où les Dentelles de Montmirail, encore lointaines, réapparaissent. La toute petite route continue à grimper doucement en contournant la colline de Roque Rascasse puis s’interrompt. Le revêtement routier disparaît et laisse place à un chemin assez caillouteux et pentu. Tout vibre sur le vélo avec les secousses : les garde-boues, la sacoche de guidon et la sacoche arrière alors je n’entends pas le bip du GPS et le message vocal m’indiquant de tourner sur ma gauche… Je poursuis donc tout droit alors que la pente s’élève de plus en plus jusqu’au moment où la roue avant commence à se soulever dangereusement, m’obligeant à poser pied à terre. Je profite de cet arrêt imposé pour faire une courte pause, le temps de me désaltérer, de grignoter quelques fruits secs et de consulter le GPS pour me rendre compte de mon erreur.
Par chance, je n’ai parcouru que 300 m dans cette côte mais la descente n’est pas aisée sur les gros cailloux qui glissent sous les roues. Je reprends le chemin dans le ravin de Roque Rascasse pour atteindre celui venant de Vacqueyras qui s’avère beaucoup plus roulant. L’altimètre affiche maintenant 290 m. Encore presque 150 m de dénivelée et je serai arrivé au col d’Alsau. Le chemin contourne par l’ouest le Grand Montmirail et passe au pied de la Tour Sarrasine, quasiment ruinée. Alors que je descends du vélo pour faire une photo, c’est le moment que choisi Eole pour se rappeler à mes bons souvenirs. Une rafale aussi violente que soudaine me fait presque perdre l’équilibre. Il n’en aurait pas fallu beaucoup plus pour que je me retrouve par terre. Heureusement pour moi, cela sera la seule fois qu’une telle bourrasque soufflera et c’est une très bonne chose !
Me voici maintenant au col d’Alsau où les Dentelles Sarrasines émergent au-dessus de la cime des arbres, tel de véritables sculptures ciselées dans la roche calcaire. J’y fais une courte pause histoire de profiter de la beauté du site.
Par la suite, le chemin est pratiquement plat jusqu’au Rocher du Midi. Un dernier regard sur la Tour Sarrasine après quoi c’est l’amorce de la descente sur le col du Cayron, avec quelques très beaux points de vue sur le rocher du Cayron et le vignoble de Gigondas. C’est après le col que les choses se gâtent. La pente du chemin qui descend sur le village de Lafare est assez forte sur plusieurs centaines de mètres et les fortes pluies qui sévissent dans la région ont provoqué l’apparition de nombreuses ornières parfois profondes et dans lesquelles il vaut mieux éviter de mettre els roues au risque de chuter lourdement et d’y casser probablement le vélo ! J’attaque donc la descente avec beaucoup de prudence essayant d’anticiper la meilleure trajectoire possible tout en jetant un œil de manière fugace au paysage.
Grand bien m’en a pris sinon je loupais le spectaculaire Portail du Turc avec son arche de pierre, dans les Dentelles Sarrasines. Le temps d’un gros freinage dans cette difficile descente et je m’arrête pour prendre une photo de ces superbes blocs rocheux. De l’autre côté sur ma gauche, les falaises calcaires du Pourra, certes moins impressionnantes, offrent quand même avec les genêts en fleur et la vigne sur ses pentes un chouette point de vue. Me voici arrivé au bout du chemin sans encombre et c’est avec plaisir que je retrouve la route de Lafare.
Après le hameau de Cassan, j’aperçois le versant nord du Grand Montmirail qui culmine à 555 m, au fond du valat de l’Aiguille avant d’arriver à la chapelle Saint-Christophe qui fait face au Clapis et à son arrête rocheuse proéminente. La descente vers Lafare se poursuit tranquillement jusqu’à la fontaine au centre du village où je tourne sur ma gauche sur la RD 90 en direction du village de Suzette (y fait-on des crêpes ?) et du col éponyme.
C’est reparti pour 4 km d’ascension sur une large route au revêtement lisse. Ça fait du bien après tous ces kilomètres de chemins ou de petites routes en assez mauvais état. Dans les derniers virages avant le village, se dévoile le panorama sur les Dentelles de Montmirail avec le Clapis, le Grand Montmirail et les Dentelles Sarrasines. Un vrai régal pour les yeux !
Après quelques minutes d’arrêt au col, il me faut reprendre la route en très légère descente jusqu’au cirque de Saint-Amand dont les parois abruptes surplombent la route. A partir de ce point, c’est la seconde partie de la montée qui m’amène au col de la Chaîne à 468 m d’altitude. Il est maintenant presque midi et avant d’attaquer la descente sur Malaucène, je profite d’un ultime panorama sur les Dentelles de Montmirail.
La faim se faisant sentir depuis déjà quelque temps, me voici à la recherche d’un coin sympa pour le pique-nique, si possible à l’ombre et à l’abri du vent. Il ne me faudra vraiment pas longtemps pour trouver l’endroit idéal. Sur la gauche de la route, à peine 400 m après le col, voici une aire aménagée qui s’avère rustique avec ses tables et ses bancs en granite mais bien agréable et ombragée. Je m’y arrête une quarantaine de minutes avant de remonter sur le vélo et de me lancer dans la descente sur 2 km vers la plaine de Malaucène.
Mais plutôt que de rejoindre le centre-ville, je bifurque sur la droite pour gagner le carrefour avec la RD 938. C’est la route principale en direction de Carpentras alors la circulation y est assez dense quelque soit le moment. Heureusement, pour récupérer la route de Bédoin, je n’ai que 700 m à parcourir en descente alors c’est très rapide. Une fois sur le RD 19, il ne me reste plus qu’un gros kilomètre en montée pour atteindre le col de la Madeleine à 458 m d’altitude à travers une forêt de pins me protégeant du vent qui s’est sensiblement clamé depuis ce matin. Peu de temps après le passage au col, le voici qui se dévoile dans toute sa majesté. Le mont Ventoux, le «Géant de Provence» avec son sommet pelé et son immense émetteur, domine toute la Provence de ses 1 910 m.
Demain, si tout se passe bien, nous devrions tous nous retrouver à son sommet. Mais pour l’instant, je me laisse glisser dans la légère descente vers Bédoin jusqu’à la chapelle de la Madeleine qui reste bien cachée derrière son mur d’enceinte et un épais rideau d’arbres. C’est un monument historique privé qui peut se visiter mais uniquement sur réservation semble-t-il. C’est dommage car cette chapelle romane est l’une des plus anciennes du département du Vaucluse et doit mériter le coup d’œil. Une fois passé la chapelle, je tourne sur la droite dans le chemin de la Bernade, revêtu jusqu’au hameau avant un tronçon de 650 m sur chemin. A la Font du Loup, la route réapparaît alors que j’aperçois la flamme rouge du dernier kilomètre.
A 13h30, me voici de retour au village vacances. J’ai maintenant tout le temps de me désaltérer, installé en extérieur à l’ombre des grands arbres du parc, avant d’aller prendre une bonne douche. Après quoi, je reviens dans le parc avec quelques exemplaires de «Cyclotourisme», la revue de notre fédération et m’installe confortablement dans l’un des nombreux transats à disposition. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi que les premiers copains du club arrivent, prêts à en découdre avec le mont Ventoux. Demain, nous partirons par Flassan et le col de Notre-Dame des Abeilles pour rejoindre le village de Sault et attaquer l’ascension du «Géant de Provence». Mais cela est une autre histoire…
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