les balades à vélo de Pierrot
le 21 décembre,
c'est l'hiver !
Cette année 2011, le voyage à vélo ne se fait pas avec les potes du club mais en famille, avec mon frère Laurent et Marie-Annick, sa copine. Nous avons enfin réussi à caler une semaine commune de vacances et nous avons bien l'intention d'en profiter pleinement en pratiquant le tourisme à vélo, bref en faisant du cyclotourisme.
Après de longues réflexions hivernales, penchés sur les cartes routières, nous nous sommes décidés pour un voyage itinérant à la découverte de la vallée du Rhône suisse et de sa source, au glacier du Rhône, jusqu'au col de la Furka, qui culmine à 2 429 m. Cette itinérance est une première pour Laurent et Marie-Annick. Nous avons déjà roulé ensemble en Tchéquie et en Pologne mais toujours en boucle depuis un point fixe. Pour moi, je suis déjà rôdé avec nos précédents voyages à travers le massif du Jura, des Vosges ou notre périple le long du Lot et du Tarn en 2010.
Le choix du parcours est assez simple depuis Villeneuve où le Rhône se jette dans le lac Léman : il nous suffit de suivre l'itinéraire de la véloroute n° 1, dédiée à la pratique du vélo mais aussi du roller. Il reste toutefois à caler notre point de départ. Nous choisissons de partir de chez Danielle et Jean, notre tante et notre oncle, qui habitent en Haute-Savoie, à Ville-la-Grand, près d'Annemasse. Cela sera l'occasion de tous se revoir chez eux après de trop longues années depuis notre dernière visite. En plus, il est facile de rallier en train de nuit Genève depuis Berlin, où résident Marie-Annick et Laurent, avec les vélos comme bagage, puis de joindre la gare d'Annemasse.
Le printemps est mis à profit pour caler tous les détails du voyage. Nous faisons le choix de l'autonomie avec les sacoches comme valises. Pour l'hébergement, nous optons pour des hôtels ou des chambres d'hôtes. Sur le site Internet veloland.ch, il est possible de visualiser, grâce à sa carte interactive, l'ensemble des parcours vélo nationaux, régionaux ou locaux existant en Suisse, sur des fonds de cartes topographiques très précis. D'un simple clic, les coordonnées et les tarifs de tous les types d'hébergement (hôtel, ferme, camping, gîte, etc) apparaissent à l'écran. Il n'y a alors plus qu'à faire son choix ! Marie-Annick s'occupe de faire les réservations via Internet et tout est calé dès le printemps. Nous prévoyons 3 étapes pour rallier le pied du col de la Furka, une journée pour en faire l'ascension suivie d'une journée de repos avant de revenir à notre point de départ, en 3 étapes aussi. Même si les euros sont parfois acceptés en Suisse, il faut aussi penser à en changer contre des francs suisses, ne serait-ce que pour les courses quotidiennes.
Mon voyage depuis Mende se fait en voiture et je profite de vacances plus longues pour venir la semaine précédant notre départ, ce qui me laisse l'occasion de faire quelques randonnées vers la vallée verte et les cols du Feu, du Cou et de la Jambaz.
Nous nous retrouvons donc tous en famille ce vendredi, veille de notre grand départ. La journée est mise à profit pour réaliser les dernières vérifications sur les vélos, régler du mieux possible les sacoches afin qu'elles soient bien stables et vérifier que nous n'avons rien oublié (nos affaires, de l'argent, le matériel de réparation, un pneumatique de rechange, la pharmacie, les cartes routières, le guide de la véloroute du Rhône, etc…) grâce à la check-list issue des précédents voyages.
Un rapide passage au supermarché voisin permet de se ravitailler en gâteaux et d'acheter le pique-nique du lendemain. Les prévisions de la météo ne peuvent être meilleures : pour les jours à venir, le soleil est annoncé en maître absolu, avec des températures supérieures à 30°. Pour fêter notre départ, Jean nous prépare une «vraie» et délicieuse raclette (pas avec l'appareil où chacun fait fondre son fromage dans sa coupelle mais celui où l'on met un demi fromage à fondre). Un vrai régal.
Après un bon petit-déjeuner, les sacoches sont bouclées et les vélos chargés. Le moment du départ a sonné et, comme annoncé, le soleil est au rendez-vous ainsi que la chaleur. Dès les premiers tours de roue, il faut rapidement s'habituer au poids du chargement. Avec les quatre sacoches, mon vélo doit atteindre les 35 kg…
Après avoir traversé le centre-ville de Ville-la-Grand, nous arrivons de suite à la douane de Cara où nous entrons en Suisse, en direction du village de Meinier, où réside Laurence, notre cousine, et sa famille. Le vieux poste de douane semble désert. Depuis l'entrée de la Suisse dans l'espace Schengen en décembre 2008, les douaniers se font plus discrets mais cela n'empêche pas des contrôles inopinés par les gardes frontières. Après 8 km sur les petites routes de campagne et quelques pistes cyclables parfaitement aménagées (bon revêtement, pistes nettement séparées de la route par une haie d'arbustes), nous voici déjà arrivés à Meinier. Le temps passe vite à prendre des nouvelles des uns et des autres, autour d'une boisson fraîche et de quelques biscuits. Vers 10 h 30, il nous faut reprendre notre route encore longue à travers la campagne suisse, en direction de la route surplombant le lac Léman (ou lac de Genève) pour gagner la frontière à Hermance sans apercevoir le moindre garde frontière ou douanier.
Les superbes panoramas sur le lac et la chaîne des monts du Jura sont nombreux tout comme les villas somptueuses dans d'immenses propriétés… Nous voici maintenant de retour en France pour rejoindre la cité médiévale d'Yvoire sur les rives du lac, en choisissant de préférence les routes secondaires beaucoup plus tranquilles dans cette région où la circulation automobile est intense. A l'arrivée, il faut se frayer un chemin à travers les touristes très nombreux en ce samedi chaud et ensoleillé pour profiter du charme pittoresque de cette ville, de son port de plaisance, de ses navires de croisière sur le lac et de son château fort lacustre.
Nous y faisons une longue halte, le temps de se promener dans les ruelles et sur les pontons puis nous repartons vers Excenevex et Sciez avant d'arriver au château de Coudrée qui s'avère être en fait une résidence pavillonnaire privée surveillée par des vigiles (absents aujourd'hui mais que nous croiserons lors de notre retour). A l'entrée, la barrière est ouverte et nous poursuivons la route à travers ce vaste domaine mais à la sortie, la barrière est close et seul un étroit passage en U, qui s'avère trop petit pour y passer avec nos vélos chargés, permet aux piétons de la franchir sur le coté. Heureusement, presque au même moment, une voiture quitte la propriété et nous la suivons rapidement avant que la barrière ne se referme.
Nous longeons maintenant le port de plaisance de Sciez et sa plage noire de monde. On se croirait presque sur la cote d'Azur ! A partir d'Anthy sur Léman, notre chemin se confond par le plus grand des hasards avec un parcours cyclotouriste local qui nous conduit par de petites routes très calmes jusqu'à l'entrée de Thonon les Bains où un aménagement cyclable exemplaire a été réalisé : la route a été mise en sens unique pour la circulation automobile sur une seule voie alors que l'autre voie a été neutralisée et aménagée pour les vélos, avec des plots en bois au milieu de la chaussée pour protéger les usagers cyclistes. C'est ainsi que nous atteignons enfin le centre de Thonon les Bains, en toute sécurité. Il est temps car midi a sonné depuis longtemps et la faim commence à se faire sérieusement sentir. Nous longeons tranquillement les bords du lac et réussissons à trouver un banc libre pour pique-niquer.
Après cette pause, nous quittons les rives du lac Léman en passant par le château de Ripaille, pour gagner de la hauteur sur les contreforts des montagnes et éviter ainsi l'ancienne RN 5, beaucoup trop dangereuse pour les cyclistes en raison du fort trafic qu'elle connait, afin de gagner Evian les Bains puis la frontière franco-suisse. Nous sommes toutefois contraints d'en emprunter un très court tronçon à la sortie du village de Vongy, pour franchir la rivière «la Dranse», le seul autre pont étant plus en amont sur la route de Morzine ; ce qui nous aurait trop éloignés de notre route. Malgré cela, la circulation sur cette route départementale est intense et la montée jusqu'au village de Publier n'est pas agréable du tout, les Savoyards ne connaissant pas trop les distances de sécurité à respecter lorsqu'on dépasse un deux roues…
Après cette cote de quelques kilomètres, c'est maintenant une très rapide descente sur le centre ville d'Evian qui nous attend. Nous rejoignons rapidement le quai au bord du lac Léman pour profiter de la beauté du site et faire une petite pause. Pour sortir de la ville, la route longeant le lac jusqu'à la Suisse n'est autre que l'ancienne RN 5. De nouveau, nous prenons une autre route plus en altitude, en passant par Maxilly sur Léman puis le village de Troubois. Mais inexorablement, nous finissons par rejoindre l'ancienne RN 5 car aucune autre route n'existe pour gagner la frontière le long du Léman. Il nous reste seulement 9 km pour enfin atteindre Saint-Gindolf et la frontière. C'est une chance car, même si la circulation est désormais un peu moins importante qu'à Thonon ou Evian, la chaussée n'est pas très large et aucun accotement n'a été aménagé pour les cycles. La prudence est donc de rigueur, encore plus qu'ailleurs. A la frontière, ce coup-ci, les gardes frontières suisses sont présents. Nous voyant regarder notre carte longtemps, l'un d'eux vient vers nous et nous indique le chemin exact à suivre pour rejoindre Bouveret puis enfin la véloroute nationale n° 1 du Rhône. Coté suisse, les choses s'améliorent de suite, avec une large bande cyclable le long de la route 21 ; prolongement helvète de l'ancienne RN 5 française. Suivant précisément les explications que nous a données le garde frontière, nous voici arrivés au bout du lac Léman, où le Rhône se jette.
Désormais, le chemin est tout tracé : il suffit de suivre le balisage de la véloroute jusqu'à Villeneuve, notre première étape dans le canton de Vaud, en faisant attention à ne pas confondre les différents parcours tellement ceux-ci sont nombreux par endroit. Pour éviter de tels désagréments, des panneaux de signalisation, indiquant le numéro de l'itinéraire, la direction et le kilométrage sont présents à chaque intersection aussi bien pour les vélos que les rollers.
Le Rhône endigué, au niveau de la passerelle métallique de la Grangette construite en 1923 est équipée d'un pan incliné pour ne pas avoir à porter les vélos. En ce samedi après-midi ensoleillé, les cyclistes sont nombreux sur notre route qui se poursuit encore sur quelques kilomètres à travers une vaste zone marécageuse et boisée, entre le Rhône, le vieux Rhône et le grand canal. Vers le sud, apparaissent les premières hautes montagnes avec les majestueuses Dents du Midi (3 257 m) qui dominent la vallée du Rhône. Nous entrons dans Villeneuve par le petit port de plaisance puis gagnons le centre ville et ses rues pavées pour arriver à notre hôtel.
Après cette belle première étape qui s'est déroulée sans aucun problème, une bonne douche rafraîchissante est bien appréciée. En soirée, après avoir lavé les affaires de vélos, nous nous mettons en quête d'un restaurant dans lequel nous aimerions déguster quelques bons filets de perche du Léman. Notre hôtelier nous conseille d'être vigilants et de vérifier qu'il est bien mentionné sur le menu qu'il s'agit de perche du Léman car certains établissements se contentent d'indiquer la mention «filet de perche» ce qui laisse des doutes sur leur provenance. Celui que nous choisissons propose bien de la perche du lac Léman et précise même les coordonnées du pêcheur professionnel d'où le poisson provient.
Un peu plus tard, après un excellent dîner, une petite balade à pied sur le rivage du lac nous permet d'admirer un superbe coucher de soleil, sur fond de voiliers et de montagnes. On peut aussi distinguer l'imposante silhouette illuminée du château de Chillon à quelques kilomètres seulement De retour à l'hôtel, nous jetons un œil aux prévisions météorologiques qui nous annoncent pour demain le même temps, avec des températures encore un peu plus élevées. En attendant, c'est l'heure de dormir alors bonne nuit les petits !
Au réveil, le soleil est encore caché derrière les sommets mais le ciel bleu et limpide annonce une journée prometteuse pour cette seconde étape qui doit nous mener jusqu'à Susten, dans le canton du Valais ou plutôt dans le Wallis car nous serons alors en Suisse alémanique. Au moment où nous descendons, notre hôtelier a déjà sorti les vélos dans la rue, en prenant soin de les attacher avec un antivol, et c'est un copieux petit déjeuner qui nous est proposé, avec un très bon jambon pour le plus grand plaisir de mon frère !
Après quoi, nous remontons dans la chambre pour s'habiller et boucler les sacoches puis nous commençons à charger les vélos avant de se rendre compte qu'un des pneus du vélo de mon frère semble dégonflé. Nous changeons la chambre, en vérifiant l'intérieur du pneu mais il n'y a pas la moindre trace d'un caillou ou autre objet pointu. C'est peu être une crevaison lente mais nous n'arrivons pas à en identifier l'origine. Pendant ce temps, Marie-Annick part à la recherche d'une boulangerie et d'une superette pour faire les courses du jour. Le menu choisi sera identique pratiquement durant tout notre voyage : de la charcuterie et des fromages locaux accompagnés de fruits, sans oublier quelques biscuits et du chocolat évidemment !
Une fois les vélos en état de rouler et le pique-nique rangé dans les sacoches, nous prenons la direction de Chillon, dont les remparts plongent dans le lac Léman, toujours sur la véloroute n° 1 mais ce coup-ci en direction de Genève, en suivant la rive nord du lac vers Montreux. Cela n'était pas prévu au programme initial mais il serait dommage de ne pas aller admirer ce château exceptionnel alors que nous n'en sommes qu'à 5 km.
A notre arrivée, le soleil n'a pas encore franchi la ligne des crêtes des sommets environnants et le château baigne encore dans la pénombre. Après une demi-heure de patience, ce superbe château fort est enfin entièrement illuminé. Avec l'heure très matinale, les premiers touristes ne sont pas encore arrivés (mais il ne leur faudra plus que quelques minutes) ce qui nous permet de profiter pleinement de la beauté de ce site. En repartant, nous poursuivons sur quelques hectomètres la véloroute vers Montreux pour profiter du panorama sur le lac et le château, avec en arrière plan Villeneuve et les dents du Midi baignées de soleil. Il nous faut maintenant revenir à Villeneuve pour retrouver enfin notre itinéraire initial en direction du village de Bouveret.
Sur les premiers kilomètres, nous faisons le même chemin que la veille en sens inverse jusqu'à rejoindre la passerelle métallique qui enjambe le Rhône. A partir d'ici, nous commençons notre lente remontée du Rhône. Ce dimanche matin, la véloroute aménagée sur la digue est assez fréquentée par d'autres cyclistes mais aussi des promeneurs à pied ou des familles à vélo. En toute sécurité, sans aucune voiture, on peut tranquillement profiter des paysages. A cet endroit, la vallée est encore très large et la plaine est essentiellement utilisée par une agriculture variée alors que sur notre droite se dessine la Dent d'Oche. Au fond de la vallée, encore très lointains, apparaissent les premiers sommets des Alpes du Valais, avec leurs neiges éternelles et leurs glaciers. C'est un véritable bonheur pour tous les cyclotouristes !
Un peu plus loin, nous faisons une seconde entorse à notre programme en faisant un aller-retour au village d'Aigle, réputé pour son vignoble et son château. Effectivement, dès que nous quittons la plaine, les coteaux, aménagés en terrasse, sont couverts de vigne, avec un beau raidillon jusqu'au château. Après une petite pause, il faut se remettre en selle car le temps passe et les quelques détours ont ajouté des kilomètres inattendus au compteur…
Nous revenons sur la véloroute du Rhône pour récupérer une nouvelle fois notre itinéraire initial. A hauteur de Monthey, nous longeons une raffinerie de pétrole et quelques installations de pétrochimie, le long du Rhône. Un peu plus loin, la véloroute quitte la digue le long du fleuve pour emprunter de petites routes. La vallée se resserre de plus en plus à tel point qu'à Saint-Maurice, coincé entre les Dents du Midi et la Dent de Morcles, le Rhône ne laisse que peu de place pour la voie ferrée et l'autoroute que notre chemin longe sur une dizaine de kilomètres. Malgré cela, on continue à s'en mettre plein les yeux d'autant plus que les hauts sommets du Valais se rapprochent, donnant aux paysages un petit coté himalayen avec leur blancheur immaculée.
Nous voici maintenant à hauteur de Martigny, où la vallée s'élargit à nouveau en faisant un virage à angle droit, vers l'est. C'est maintenant l'heure du casse-croûte et nous faisons halte à l'ombre d'une haie de peupliers pour profiter de la fraîcheur qu'elle procure alors que la température doit avoisiner les 33 °C. A la reprise, un vent fort s'est levé. Ce n'est pas une surprise car c'est très clairement mentionné dans notre guide. Par chance, en après-midi, il remonte la vallée tout comme nous. Une fois de plus, comme cela sera le cas désormais très souvent, les superbes «4 000 m» des Alpes du Valais et de l'Oberland bernois apparaissent de plus en plus proches pour le plaisir des yeux.
Mais à force de regarder le paysage, on en oublie de veiller à la route… Arrivé sur un rond-point, alors que je suis en tête de notre groupe, avec quelques centaines de mètres d'avance, je poursuis le chemin indiqué par l'un des classiques panneaux qui jalonnent tous les itinéraires cyclables, sans faire attention qu'il en existait un autre dans mon dos. Après quelques kilomètres, je me rends compte de mon erreur car le numéro du circuit sur lequel je suis n'est pas le bon. Je m'arrête dans le premier village pour attendre Laurent et Marie-Annick mais après une vingtaine de minutes d'attente, je ne les aperçois toujours pas. Je décide de rejoindre alors au plus direct la véloroute du Rhône pour me remettre sur le bon chemin. Pensant qu'ils ont déjà dû passer à cet endroit, je prends la direction de Susten mais je ne les reverrai pas avant la soirée ! Finalement, l'explication viendra plus tard : Laurent et Marie-Annick m'ont vu prendre la mauvaise route et m'ont attendu eux aussi assez longtemps sur ce rond-point avant de poursuivre leur route sur le bon chemin. Pendant ce temps, je pédalais loin devant eux alors que je les croyais devant moi ! Et comme aucun de nous n'a de téléphone portable, cette situation a perduré toute l'après-midi. Par chance, chacun de nous a la carte du parcours et les coordonnées de notre hébergement à Susten où nous finirons par nous retrouver.
Malgré cela, chacun de nous en profite bien. La large plaine du Rhône est désormais couverte de pommiers, d'abricotiers mais aussi par endroits de quelques champs de groseilliers et framboisiers sans oublier la vigne qui occupe toujours les coteaux nord de la vallée. Quelques kilomètres avant Sion, la véloroute, qui empruntait jusqu'à présent les petites routes serpentant entre les champs, se transforme en un chemin de terre en très bon état, sur la rive droite du fleuve. Celui-ci m'emmène jusqu'à une zone artisanale avant de rejoindre le centre-ville. Perchés sur leur colline, l'église et le château-fort dominent la ville. Après ma mésaventure, cette fois je prête une grande attention aux panneaux de signalisation tout en vérifiant la carte en poursuivant ma route vers Sierre. La vallée devenant plus étroite, la véloroute se trouve une nouvelle fois coincée entre le Rhône, la voie ferrée et l'autoroute. Comme lors de la traversée de Sion, la prudence est de mise pour ne pas se tromper de route.
Presque à la sortie de la ville, j'ai l'étrange impression d'avoir du mal à contrôler la roue avant de mon vélo. Je m'arrête rapidement pour constater que mon pneu est dégonflé. Pour pouvoir démonter la roue, il me faut tout d'abord retirer les sacoches ce qui ne prend que quelques secondes. Après avoir vérifié le pneu et changé la chambre, je remonte le tout et reprend ma route. Les choses se compliquent alors car le tracé de la véloroute se trouve dans la zone du chantier de l'autoroute et certains panneaux ont dû disparaître. Avec la carte, je finis par m'y retrouver : la véloroute suit maintenant la route principale qui remonte toute la vallée. Le trafic y est assez dense mais le bas-côté de la chaussée est très large (de 2 à 3 m par endroit) ce qui permet de circuler en sécurité.
Le soleil a maintenant disparu derrière les sommets montagneux et la luminosité baisse vite. Par prudence, j'enfile mon gilet de sécurité qui ne quitte jamais ma sacoche de guidon et allume la lumière arrière afin d'être vu de loin par les automobilistes. Me voici arrivé à Susten, et comme l'indique le nom de ce village, je suis désormais en Suisse alémanique ce qui va compliquer les choses pour trouver le Bed & Breakfast où nous avons réservé nos chambres. Pour demander mon chemin, j'interpelle plusieurs personnes et leur montre le papier sur lequel figurent le nom de la personne qui tient cet hébergement ainsi que son adresse, sans succès. Après une bonne dizaine de minutes, je rencontre un couple qui semble la connaître mais, ne comprenant pas un mot à ce qu'ils me disent, la discussion est quasi impossible. Par chance, une tierce personne parlant français arrive et fait office de traducteur. Finalement, ces personnes me guident en voiture jusqu'à destination. Heureusement, la femme qui gère ce Bed & Breakfast comprend le français et le parle un peu. Elle m'indique que mon frère et Marie-Annick ont appelé et qu'ils devaient s'arrêter en route pour dîner. De mon côté, je grignote les reste du pique-nique du midi en les attendant. A la nuit tombée, ils arrivent enfin suite à de nouveaux problèmes : à Sierre, ils n'ont pas trouvé le bon chemin au niveau du chantier autoroutier et après s'être retrouvés à l'entrée d'un tunnel interdit aux cycles, ils se sont retrouvés sur une petite route à flanc de montagne, rallongeant le parcours aussi bien en temps qu'en distance. Enfin, tout le monde est arrivé à bon port et nous pouvons maintenant profiter d'une bonne nuit de repos. Quelle journée!
Après les déboires de la veille, cette nouvelle journée commence bien sous un ciel bleu, un soleil radieux et une température douce. Le petit déjeuner que nous sert notre hôtesse est copieux ce qui nous permet de recharger pleinement nos batteries. Tant mieux car même si l'étape est relativement courte, nous allons devoir affronter les toutes premières montées sérieuses avec les vélos chargés !
Après quoi, nous bouclons les sacoches, enfourchons nos vélos et passons à la superette du village pour acheter le casse-croûte du midi, comme d'habitude. Dès la sortie de Susten, la véloroute du Rhône nous amène à travers les champs de céréales en direction de Brig, en se faufilant par de petites routes peu fréquentées entre la voie ferré, la route nationale et l'autoroute en construction. Après quelques kilomètres, nous arrivons à hauteur du village de Nierdergesteln dominé par d'anciennes fortifications, au pied d'une surprenante faille qui découpe presque verticalement la montagne, comme un couteau l'aurait fait d'une motte de beurre !
Un virage sur notre droite et, de nouveau, les hauts sommets enneigés des Alpes du Valais apparaissent au loin. Cela fait deux jours que nous profitions pleinement de ces paysages superbes mais on ne s'en lasse jamais ! La température a déjà bien grimpé depuis notre départ et c'est avec plaisir que nous passons sous les asperseurs automatiques qui irriguent les cultures en bordure de la route, pour se rafraîchir un peu. Vers Visp, nous faisons une halte pour déguster quelques merises vraiment très amères. Sur notre droite, s'ouvre la vallée qui mène aux célèbres stations de Saas-Fee et de Zermatt, surplombée par ce qui doit être selon la carte, le massif du Mischabelhorner et son sommet principal, le Dom qui culmine à 4 545 m quand même.
La halte du midi se fait un peu plus loin à Naters, en rive droite du Rhône, juste en face la ville de Brig, située sur la rive gauche. Nous choisissons un coin ombragé au niveau d'un arrêt d'autobus pour se protéger un peu de la chaleur de plus en plus intense. On se rend très vite compte que la Suisse apporte beaucoup d'attention au mode de déplacement alternatif et notamment aux vélos car tous les bus qui passent devant nous le temps de notre pique-nique sont équipés de porte-vélo à l'arrière. La reprise se fait en longeant le Rhône sur la digue, après avoir fait le plein d'eau et s'être rafraichis à une fontaine. Pour encore quelques kilomètres seulement, la pente est très faible : parti de Susten à 650 m d'altitude, nous sommes maintenant à près de 760 m.
Mais il faut franchir maintenant un verrou qui ferme la vallée. Pour éviter la route principale, la véloroute s'élance désormais à l'assaut des alpages en direction du village de Grengiols. Nous attaquons en plein soleil cette ascension sans trop prêter attention à tord au panonceau qui nous indique alors la distance, la dénivelée et surtout la pente (les 19 % annoncés nous semblent très largement excessif) qui nous attendent pour rejoindre le village d'Ernen…
Aujourd'hui est la journée la plus chaude selon la météorologie avec une température frôlant les 35° C. Dans chacune des épingles, le revêtement fond de plus en plus. Dans le minuscule village de Bister, une fontaine providentielle nous attend avec son eau glacée, pour notre plus grand bonheur. Nous en profitons pour faire le plein des bidons, se rincer la tête et même y tremper les mains, les pieds et le casque pour conserver cette agréable sensation de fraîcheur un peu plus longtemps. Un second arrêt quelques hectomètres plus loin nous permet de découvrir un raccard (ou mazot). Il s'agit d'un petit chalet de bois utilisé le plus souvent comme grenier, sur pilotis avec de grandes dalles rocheuses plates destinées à en interdire l'accès aux rongeurs. Par la suite, nous en verrons de très nombreux à Nierderwald ou Munster.
En arrivant sur Grengiols, la pente s'adoucit notablement. Nous voici maintenant au milieu des prairies de fauche, en pleine récolte des foins. Par endroits, le travail est encore manuel lorsque la pente trop forte ne permet pas la mécanisation de l'exploitation. Après Grengiols, la véloroute quitte l'étroite route revêtue qui mène de village en village pour emprunter le chemin des Romains. Sans le savoir, ce moment va être certainement l'un des plus beaux souvenirs de ce voyage. Après avoir parcouru quelques mètres une surprise nous attend : sur le bord du chemin, nous découvrons un panneau portant le symbole d'un danger radioactif ainsi qu'une souche de sapin peinte en blanc et découpée en une multitude de tronçons. Il s'agit en fait d'une exposition d'art en plein air dont cette première œuvre dénonce la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.
Celles que nous croisons plus tard restent pour moi un mystère : la seconde expose une collection de poupées Barbie nues, posées sur des pommes de pin, avec des voitures miniatures et un ballon de football. Une autre est constituée d'une échelle faite de fil de fer et de barreau en bois peint, le tout suspendu dans les arbres en torsade. Lorsque que la pente devient vraiment importante (plus de 10 %), le chemin laisse place au béton sur une trentaine de mètres. Un peu plus loin, c'est un parfait dallage de pierres liées au béton qui nous attend pour franchir un raidillon très costaud : la pente est telle que, malgré les deux sacoches bien lourdes sur le porte-bagage avant de mon vélo, j'ai de la peine à éviter que ma roue ne se soulève en tirant trop fort sur le guidon. Mon frère et moi arrivons à passer ce raidillon en restant assis sur la selle mais Marie-Annick est obligée de poser pied à terre.
Malgré ces difficultés, rien ne peut gâcher notre plaisir. Nous voici désormais dans un véritable paysage de carte postale : la véloroute se glisse entre les bois de sapins et de mélèzes et les prairies d'alpage fleuries, parsemées de chalets de bois séculaires en nous offrant des panoramas superbes sur les Alpes du Valais et l'Oberland bernois, leurs sommets à plus de 4000 m d'altitude et leurs glaciers, le tout dans une tranquillité absolue, sans aucun véhicule, sur un chemin en parfait état (pas un trou, rien du tout !). C'est un vrai pur moment de bonheur cyclotouriste ! Le spectacle est tellement beau que nous faisons une halte pour en profiter encore plus longtemps. Il ne manque plus qu'une célèbre vache mauve pour compléter ce tableau idyllique.
Mais on ne peut pas rester là éternellement alors nous remontons sur nos vélos et reprenons notre route. Le chemin domine maintenant le torrent de la Binna aux eaux cristallines, qui s'est frayé un chemin à travers la montagne en y creusant de profondes gorges. A un moment donné, il nous faudra pourtant les franchir mais comment ? La réponse vient vite : un véritable panneau routier nous signale une descente dangereuse. Effectivement, il nous faut être très prudent car la pente avoisine les 10 %. Sur ce chemin, nos freins suffisent à peine à éviter de prendre trop de vitesse tout en évitant de bloquer les roues. En bas, nous découvrons le pont romain qui enjambe la Binna. Nous le franchissons à pied en raison du pavage trop irrégulier. Maintenant, nous voici au point bas et il faut remonter pour rejoindre le village d'Ausserbinn puis celui d'Ernen.
Comme nous sommes trop optimistes, nous remontons sur le vélo pour affronter le mur qui se dresse devant nous mais nous ne faisons que quelques mètres avant de reposer le pied à terre. Nous comprenons maintenant notre erreur : les 19 % annoncés sont là ! Nous poussons donc les vélos mais, même cela n'est pas facile. Il faut pousser le vélo en serrant les freins pour qu'il ne recule pas et, à chacun de nos pas, nous glissons sur les graviers. Par chance, cela ne dure qu'une centaine de mètres avant d'arriver à une épingle à partir de laquelle la pente diminue et nous permet enfin remonter en selle.
Peu de temps après, nous rejoignons la route qui serpente tranquillement à flanc de montagne. Dans notre dos, l'imposante pyramide d'un haut sommet du Valais apparaît alors que nous quittons la vallée de la Binna pour rejoindre celle du Rhône, nous offrant un panorama inédit sur le village d'Ernen et le Galenstock qui culmine à 3 586 m au-dessus du glacier du Rhône et de la source du fleuve. Nous voici enfin dans la vallée de Goms et pour la première fois depuis notre départ, notre objectif est en vue. Nous nous laissons descendre à travers les prairies de fauche jusqu'à rejoindre, à nouveau, un chemin pour les derniers kilomètres de notre étape.
Nous traversons le Rhône, devenu un torrent impétueux, pour remonter sur Niederwald et rejoindre l'auberge des Drei Tannen (les trois sapins), au centre du village. Nous y découvrons des chalets magnifiques, celui abritant l'auberge date du XVIIème siècle. Située à l'étage, notre chambre est superbe, tout en bois. Mais je dois vraiment faire attention car, à cette époque, les gens étaient manifestement beaucoup plus petits que moi : ma tête touche la poutre centrale de la pièce et le montant de la porte m'arrive au niveau du nez !
Après la douche, c'est l'heure d'un repas copieux puis d'une bonne nuit bien mérités après les efforts intenses de cette journée qui restera pour nous trois un souvenir exceptionnel.
Une nouvelle fois, dès notre réveil, le soleil brille dans un ciel bleu sans le moindre nuage. Des fenêtres de notre chambre, la blancheur des neiges et des glaciers du massif du Weisshorn (4 505 m) donne un coté himalayen à la vallée. Après le petit déjeuner, nous nous préparons pour cette nouvelle journée de vélo, avec, au programme, l'ascension du col de la Furka à 2 436 m d'altitude en passant au préalable par le belvédère du glacier du Rhône.
C'est une grande première pour Marie-Annick qui n'a jamais fais la moindre ascension d'un col à vélo. Pour ne pas ajouter à la difficulté, nous avons choisi de faire un aller-retour jusqu'au col afin de ne pas avoir à porter les sacoches pleines. Même si la météo annonce encore une très belle journée chaude, celles-ci servent uniquement au transport de vêtements chauds car l'expérience nous a déjà montré qu'il est préférable d'être prudent dans les ascensions de haute montagne. Une petite variation par rapport aux autres jours : nous ne prenons pas de pique-nique après avoir décidé de manger dans une auberge dans la montée.
Pour ne pas emprunter rigoureusement le même parcours à l'aller qu'au retour, nous partons par la route principale sur laquelle la circulation est encore très faible. A Blitzingen, en se retournant, le Weisshorn apparait encore plus impressionnant que jamais. La montée vers Oberwald, qui constitue le véritable point de départ de l'ascension du col de la Furka, se fait progressivement par paliers. A plusieurs endroits, la route emprunte de récents tunnels ou paravalanches mais, systématiquement, l'ancienne voie de circulation a été conservée ce qui permet d'y rouler en toute sécurité et en toute tranquillité, au milieu des prairies de fauche fleuries.
Face à nous, le Galenstock apparaît avant de laisser sur notre droite la montée au Nufenenpass (2 478 m) et d'arriver à Oberwald où l'on peut charger sa voiture sur un train pour rejoindre Andermatt par le tunnel ferroviaire. Evidemment, cela est aussi possible pour les cyclotouristes qui ne souhaiteraient pas franchir la Furka à vélo. Nous profitons de l'épicerie locale pour acheter quelques gâteaux et des boissons fraîches pour un premier ravitaillement. Après quoi, il faut se lancer dans la montée de la Furka : 16 km d'ascension pour 1 070 m de dénivelée, soit une pente moyenne de 6,7 % comme nous l'indique le panonceau d'information de la véloroute auquel nous prêtons toute l'attention requise cette fois. Le profil que nous avons récupéré sur Internet indique des passages à près de 9 %. Dès la sortie du village, la route s'élève dans une longue série d'épingles au milieu des prairies où paissent quelques chevaux. La douce ombre des conifères est bien agréable car il fait déjà chaud même avec l'altitude qui croît. Après l'hôtel restaurant Rhonequelle (la source du Rhône), la vallée se resserre et la route devient presque rectiligne.
En contre-bas, le Rhône n'est qu'un torrent alors que face à nous se dresse la montagne comme un mur. Seuls les imposants zigzags de la route du Grimselpass permettent de la franchir mais ce n'est pas la destination que nous avons choisie aujourd'hui. Après cette grande ligne droite, une nouvelle série de lacets permet de rejoindre Gletsch (qui signifie glacier) alors que la voie ferrée d'un petit train à crémaillère disparaît dans un premier tunnel.
Dès le premier virage, nous commençons à dépasser quelques voitures à l'arrêt. Au final, il doit y en avoir une cinquantaine, bloquée dans les deux sens de la circulation par un car accidenté. Nous nous faufilons entre tous ces véhicules et arrivons enfin à Gletsch, à 1 747 m d'altitude, où les routes du Furkapass et du Grimselpass se séparent. Il y a un peu plus de 150 ans, la langue terminale du glacier du Rhône atteignait encore la plaine de Gletsch mais, désormais, ce glacier n'y est même plus visible.
Par contre, loin au-dessus de nous, le belvédère du glacier et le serpentin de la route du col de la Furka le sont très bien. Il nous reste encore une dizaine de kilomètres d'ascension et près de 700 m de dénivelée à escalader. Cette route est un point de passage important entre le Valais, Andermatt et les Grisons d'où une circulation qui doit y être dense en pleine saison. Par chance, en ce mois de juin, le nombre de véhicules (sans aucun camion) y est assez faible et son large gabarit permet d'y rouler en sécurité. Progressivement, la vue sur le glacier se dévoile au fur et à mesure de notre ascension. A l'emplacement qu'occupait anciennement le glacier, la roche érodée par le frottement de la glace est désormais mise à nu et seulement traversée par le Rhône naissant dans de grandes cascades.
Le tout premier névé en bordure de la route est visible à près de 1 900 m d'altitude, juste un peu avant de traverser la voie du train à crémaillère. Un peu plus loin, nous faisons une nouvelle halte pour se ravitailler car nous commençons à avoir faim. Le cap des 2 000 m d'altitude vient d'être franchi en passant le pont sur ce petit torrent qui dévale du glacier du Muttenhörner. C'est dans ce même vallon que le train franchit le col dans un dernier tunnel. La voie étant encore en travaux, nous n'avons pas la chance de voir le moindre train. Dommage !
En repartant, il nous faut maintenant affronter les trois kilomètres les plus pentus de cette ascension jusqu'au belvédère, avec une pente comprise entre 8 et 9 %. Par chance, la faible circulation nous permet de faire l'extérieur dans les très larges épingles ce qui nous offre quelques courts moments de récupération. Avec l'altitude qui augmente toujours, le panorama sur la vallée du Rhône, Gletsch et la route du Grimselpass se dégage de plus en plus en laissant poindre les premiers sommets de l'Oberland bernois et du Valais.
Arrivés au belvédère, l'arrêt est obligatoire pour admirer le glacier du Rhône et ce cirque de hautes montagnes dominé par le Galenstock. En lieu et place du superbe glacier qui frôlait certainement le belvédère il y a encore plusieurs dizaines d'années, il ne reste désormais qu'un petit lac dans lequel vient fondre l'étroite langue du glacier, formant ainsi le Rhône. Il faut encore remonter plus haut pour en admirer toute la splendeur et la situation ne semble pas devoir s'améliorer dans les années à venir. Espérons que ce glacier ne disparaitra pas définitivement…
Alors qu'une horde de touristes débarque de plusieurs autocars, nous reprenons la route pour les trois derniers kilomètres de moins en moins pentus. Nous voici désormais presque au sommet, toujours sous le soleil, et le panorama devient réellement exceptionnel sur les grands 4 000 m de l'Oberland bernois qui nous font face et, plus loin sur notre gauche, ceux des Alpes du Valais. Voici certainement l'un des plus beaux paysages alpins que nous ayons eu la chance d'admirer à ce jour.
Nous finissons notre ascension sans oublier de faire une photographie souvenir au pied du panneau du col ! Il faut maintenant penser à trouver quelque chose à manger car l'après-midi est déjà bien entamée. Le seul problème c'est que nous n'avons vu ni restaurant ni auberge que cela soit au belvédère ou au sommet du col. Heureusement, il y a quand même un marchand ambulant sur lequel nous nous précipitons. Comme il parle français, le dialogue est facile. Nous avons vraiment beaucoup de chance car celui-ci s'apprête à partir, a presque vendu toute sa marchandise mais il lui reste encore un ou deux sandwichs, quelques quignons de pain et morceaux de fromages ainsi qu'un peu de tarte. Au final, nous lui prenons tout ce qui se mange et une boisson pour chacun d'entre nous avant de nous installer face à un inoubliable paysage.
Assis dans l'herbe, nous dévorons nos casse-croûtes avec une certaine impatience tellement la faim se fait sentir, les yeux rivés sur ce panorama de hautes montagnes dominé par le Finsteraarhorn et ses 4 274 m. Il est vraiment dommage qu'aucune table d'orientation ne permette d'identifier ses hauts sommets et leurs glaciers. La réponse viendra plus tard d'une carte postale achetée au belvédère du glacier du Rhône. Toujours face à nous, mais 700 m en contrebas, la route du col et l'étroite voie ferrée du train à crémaillère sont visibles tout comme la route du Grimselpass qui s'élance à l'assaut de la montagne dans une longue série de lacets. L'impression de majesté du site n'en est que plus grande.
Après en avoir longuement profité, il faut maintenant entamer le retour à l'hôtel. Ce n'est pas le plus difficile car il nous suffit maintenant de se laisser descendre jusqu'à Oberwald. Même si nous ne faisons pas la course, la descente est très rapide d'autant plus que la chaussée est large et en bon état.
Plus habitué aux routes de montagne que Marie-Annick et Laurent, et aussi un peu plus lourd, j'arrive le premier au replat de Gletsch ou je m'arrête le temps de reformer notre petit groupe. Nous jetons un dernier regard en direction du Furkapass qui ne tarde pas à disparaître une fois lancé dans les lacets du verrou de Gletsch. Quelques centaines de mètres plus bas, nous arrivons au niveau d'un tunnel très court. Il ne faut que quelques instants pour se souvenir que la route y est pavée mais lancé à pleine vitesse dans cette longue ligne droite, les freins ne sont pas assez puissants pour freiner suffisamment et éviter d'être trop secoué dans sa traversée.
Après cette petite surprise, la descente se poursuit tranquillement jusqu'au village où nous faisons une pause pour se rafraîchir, car après 1 100 m de dénivelée, la chaleur se fait maintenant sentir. Dans une superette, nous achetons des glaces et des boissons fraîches avant de reprendre la route. Mais désormais nous quittons la route principale empruntée en matinée pour suivre le tracé officiel de la véloroute du Rhône. A la sortie d'Oberwald, l'itinéraire longe au plus près le fleuve, sur un enrobé tout neuf où les vélos glissent sans aucun effort jusqu'à un petit pont qui nous amène sur la rive gauche du Rhône.
Par la suite, la route étroite se transforme par endroit en un très bon chemin particulièrement bien roulant, qui se faufile à travers les prairies de fauche. A la hauteur du village de Munster, une piste d'aérodrome apparaît au milieu des prairies. Par endroit, nous découvrons aussi de lourdes portes d'acier qui ferment l'accès à des hangars souterrains aux murs de béton épais. Et comme aucune signalisation ne permet d'en connaître l'utilisation, cela reste un mystère pour nous. S'agit-il de bâtiments militaires ? Sans trouver la moindre réponse à cette question, nous poursuivons notre route. Une fois de plus, notre tranquillité est absolue, à peine perturbée par un vieux monsieur sur sa mobylette qui nous double avant de s'arrêter au bord du chemin où se trouvent une grotte et un calvaire. Nous y faisons aussi une halte pour se désaltérer à la fontaine.
Un peu plus tard, la véloroute traverse le village de Reckingen, avec ses vieux chalets si typiques et son ancien pont de bois sur le Rhône. Après ce village, le chemin borde un étroit bras du fleuve. La chaleur toujours présente nous pousse à un nouvel arrêt afin de profiter d'un bain de pieds dans les eaux très fraîches voire glaciales du Rhône. L'avantage des sandales que je porte, c'est qu'en plus d'être équipées de cales pour les pédales, je ne suis pas obligé de les retirer avant d'entrer dans l'eau car elles sèchent très vite. Après quoi, il ne nous reste qu'une poignée de kilomètres en légère descente pour rejoindre Niederwald même si par deux fois il nous faut franchir des coups de cul avec une pente très raide sur quelques dizaines de mètres.
L'arrivé au village se fait en longeant la voie ferrée avant une ultime cote pour rejoindre notre hôtel. Il est maintenant près de 18 h 30. Après une bonne douche, nous terminons cette superbe journée de cyclotourisme (encore une) autour d'une excellente fondue aux fromages puis d'une énorme coupe de glace. Il faut bien reprendre des forces même si demain est une journée de repos !
Lors de la préparation de ce voyage, cette journée de repos devait être consacrée à la découverte du Grosser Aletschgletscher. Ce gigantesque glacier formé aux pieds des «4 000» tel le Fiescherhörner, le Mönch, l'Aletschhorn ou la Jungfrau est le plus grand d'Europe. Nous devions initialement nous rendre en train à Fiesch pour y prendre le téléphérique jusqu'au sommet de l'Eggishorn à 2 927 m d'altitude d'où s'étend un superbe panorama sur le glacier.
Malheureusement, la météo en décide autrement ce mercredi matin. Le ciel est couvert et la pluie est annoncée en après-midi. Nous changeons alors notre fusil d'épaule et choisissons de visiter le village de Munster, traversé la veille lors de l'ascension du Furkapass. Les vélos étant de repos, nous descendons à la gare située à peine à quelques centaines de mètre de notre hôtel, en passant devant la statue de César Ritz, cet homme d'affaire suisse originaire de ce village et fondateur éponyme de la chaîne d'hôtels-restaurants de luxe. L'attente sur le quai est de courte durée car il circule un train toutes les trente minutes environ sut cette ligne touristique entre Zermatt et Andermatt. Ici, pas de guichet, pas de tourniquet, il faut simplement monter dans le train et acheter son billet auprès du contrôleur. Après un voyage d'une vingtaine de minutes, nous voici arrivés à Munster.
Dès la descente du train, le cachet si particulier des villages de cette vallée saute aux yeux : les anciens chalets, les étables et les raccards y sont très nombreux. Les plus vieux datent du XVème siècle et certains ont fait l'objet d'une très belle restauration. Le midi, après avoir déguster quelques spécialités locales à la terrasse d'un restaurant, nous poursuivons notre visite du village vers l'église avant de passer à la superette pour y faire quelques courses. En effet, le mercredi soir, le restaurant de notre hôtel est fermé. Comme il n'y en a pas d'autre à Niederwald, il nous faut acheter quelques victuailles pour le dîner avant de reprendre le train pour le retour.
C'est donc vers 19 h 15 que nous préparons dans la chambre notre modeste repas, tous les trois assis autour de la petite table carrée. Au menu, de petits pains aux céréales accompagnés d'une garniture de saucisse de porc fumée, de plusieurs variétés de viande de bœuf séchée et d'une portion d'un fromage local. Et en guise de dessert, nous avons un paquet de six excellentes tablettes de chocolat noir suisse évidemment !
Ce matin, le réveil est précoce : il est à peine 7 h 30 alors que nous sommes déjà levés. De la fenêtre de notre chambre grande ouverte, nous apercevons quelques rayons du soleil qui percent timidement l'épaisse couche de nuages bas qui a envahi la vallée suite aux pluies nocturnes. Au vu des conditions climatiques, et par prudence, nous optons pour la route principale et non pour l'ancienne voie romaine et ses pentes à 19 % que nous avons emprunté lors du voyage aller. A notre demande, notre hôte nous indique que nous pourrons trouver une boulangerie dans la ville de Fiesch, à moins d'une dizaine de kilomètres. Nous décidons d'y faire halte pour acheter notre pique-nique.
La fraîcheur et l'humidité se font encore largement sentir lorsque nous partons, nous obligeant à nous couvrir chaudement pour cette première étape sur la voie du retour à Ville-la-Grand d'autant plus que nous allons désormais descendre la vallée. Le contraste est flagrant avec les jours précédents où la chaleur nous accablait presque et malgré nos vêtements chauds, la sensation de froid nous saisi dès les premiers kilomètres. Très vite, nous arrivons à Fiesch et y faisons nos courses. Cette halte a permis de se réchauffer alors que le soleil se montre de plus en plus, en chassant les nuages qui s'élèvent doucement dans la vallée. Plus tard, après Lax, la pente s'accentue notablement sur quelques kilomètres. En descente, ce n'est pas très grave, il suffit de serrer les freins un peu plus fort. Une certitude toutefois, aucun d'entre nous ne regrette d'avoir pris à l'aller l'ancien chemin romain car l'ascension par la route principale aurait été excessivement pénible dans cette portion à forte pente. Sur cet axe routier, l'intensité du trafic rend cette partie du voyage moins plaisante jusqu'à Mörel où nous retrouvons le tracé de la véloroute du Rhône qui nous confère plus de sécurité et de tranquillité. Les nuages lèchent encore les sommets environnants mais le soleil a enfin pris le dessus, la chaleur est de retour et nous pouvons quitter nos vêtements chauds.
Quelques kilomètres plus tard, nous voici maintenant à Naters avant de prendre la direction de Brig, sur la rive gauche du fleuve, pour une visite du centre-ville dominé par un imposant château. Nous y accédons à travers un parc, avec les vélos, par une longue rampe qui nous emmène à l'entrée de la cour intérieure où les visiteurs peuvent admirer une ancienne voiture postale hippomobile qui desservait Gletsch, le Furkapass et le Grimselpass. Il nous faut ensuite traverser à nouveau le Rhône pour reprendre la véloroute jusqu'à Susten.
A partir de maintenant, la vallée s'élargit progressivement en même temps que la pente s'adoucit, laissant apparaître les champs de céréales, les vergers et encore quelques rares prairies de fauche. Vers 13 h 00, nous nous arrêtons dans la traversée d'un village pour le pique-nique dans un parc ombragé. A la reprise, la chaleur est toujours présente mais un vent de face s'est levé nous apportant une sensation de fraîcheur agréable et dégageant le ciel des derniers nuages persistants. Nous arrivons chez nos hôtes à Susten vers 15 h 30 après une étape courte et sans difficulté, nous laissant tout le temps de se doucher et de faire un peu de lessive avant de repartir visiter Leuk, à pied ce coup-ci.
La ville, implantée à flanc de montagne, au milieu des vignes, est dominée par son château dont le donjon est surmonté d'un étrange dôme de verre. Pour s'y rendre, nous empruntons un sentier de randonnée qui mène à une chapelle d'où s'étend un panorama sur la vallée aval du Rhône.
Notre visite se poursuit dans le centre du village jusqu'à la place centrale avec son église et son horloge peinte datant de 1686. Nous nous y arrêtons pour dîner dans un restaurant à la carte alléchante qui nous propose un choléra ! Le nom de cette spécialité nous rebute quelque peu mais nous nous laissons tenter quand même. Au final, il s'agit d'une tourte de pâte feuilletée farcie avec des pommes de terre et de la viande absolument délicieuse tout comme la glace et la mousse à l'abricot prises en dessert.
Ce vendredi est une étape assez longue alors pour éviter les rallonges faites à l'aller, nous allons nous tenir strictement au tracé de la véloroute. Tout d'abord, le passage à la superette est obligatoire pour acheter de quoi pique-niquer ce midi. Le menu est traditionnel avec de la viande de bœuf séchée, de la charcuterie et du fromage sans oublier le chocolat noir. Dès la sortie de Susten, nous empruntons la route principale qui s'écarte du Rhône en un très long faux plat montant. Heureusement, ses larges bas cotés permettent de rouler en toute sécurité. Nous y croisons quelques marchands qui vendent ces délicieux abricots cultivés dans la vallée et il ne faut pas longtemps avant que nous cédions à la tentation. Il faut aussi penser à équilibrer nos repas avec quelques fruits ou légumes…
Un peu plus tard, nous arrivons dans le secteur des travaux de l'autoroute avant Sierre. Ce coup-ci, nous arrivons à nous orienter correctement et il ne nous faut que quelques minutes pour gagner la ville. Notre première pause se fait vers Grône, dans l'un des observatoires ornithologiques aménagés aux bords des étangs. Dès le milieu de matinée, le vent défavorable se lève mais pour l'instant cela reste facilement supportable.
Quelques kilomètres plus loin, derrière des hectares de pommiers et d'abricotiers, apparaissent les collines de Sion surplombées de leurs châteaux. Le plus surprenant est sans conteste le génie déployé pour aménager sur leurs pentes, quelque fois en terrasses, la moindre parcelle de terre plantée de vigne. On se demande même comment les vignerons les exploitent quand on voit la pente du terrain !
Après Sion, nous traversons quelques parcelles plantées de poiriers et de groseilliers histoire de changer un peu. Il est difficile de résister à la tentation tellement ces fruits ont l'air appétissants, surtout les abricots à la peau dorée qui n'attendent que d'être mangés ! En la matière, cette partie de la vallée du Rhône helvète n'a pas grand-chose à envier à sa sœur française. Au fur et à mesure que nous approchons de Martigny, le vent souffle de plus en plus fort à tel point qu'avec les sacoches qui confèrent à nos vélo l'aérodynamisme d'un camion, il est maintenant difficile d'avancer même sur ce terrain désormais complètement plat. Il nous faut donc progresser en file indienne pour limiter les efforts, en tout cas pour ceux qui sont derrière. Le seul avantage de ce vent violent, c'est de dégager le ciel dans toute la vallée. La aussi, ça vaut bien un petit coup de Mistral ! Malheureusement, les cumulus restent accrochés toute la journée aux montagnes, nous masquant tous les sommets enneigés du Valais et de l'Oberland bernois que nous avions découvert à l'aller. Il faut prendre son mal en patience jusqu'après Martigny où la vallée fait un angle droit pour remonter vers le nord. A partir de là, le vent se calme un peu. Nous pouvons maintenant chercher sans trop tarder un coin tranquille pour casser la croûte à l'abri de ce vent car il est plus de 13 h 30 et nous avons faim. Cette halte au bord du Rhône est la bienvenue pour récupérer de ces efforts, même si l'autoroute n'est qu'à quelques dizaines de mètres.
Une heure plus tard, nous reprenons la route en direction du nord. Après avoir passé le défilé d'Evionnaz, la vallée s'élargit brutalement en arrivant à Saint Maurice où la véloroute emprunte désormais les digues qui bordent le fleuve. Doucement, le fort vent se transforme en une brise légère bien agréable d'autant que la chaleur est aussi au rendez-vous cet après-midi. Il ne nous reste plus qu'à se laisser glisser jusqu'au lac Léman, en laissant sur notre droite le village d'Aigle et son château.
Dans ces derniers kilomètres parcourus , nous croisons un groupe d'une trentaine de sportifs faisant du roller. Leur organisation semble bien rôdée : le premier et dernier du groupe sont équipés de gilet jaune de sécurité et de sifflet pour prévenir leurs équipiers de la présence d'autres usagers et leur permettre ainsi de se mettre rapidement en file indienne au croisement des autres usagers. Là aussi, il faut partager la véloroute ! Arrivés à hauteur du village de Bouveret, nous quittons la digue du Rhône à travers les zones humides et les marécages presque familiers désormais pour prendre la direction de Villeneuve où nous arrivons un peu après 18 h 00.
Ca y est, c'est déjà presque la fin de ce beau voyage avec cette ultime étape qui va nous ramener chez notre oncle. J'ai l'impression d'être parti hier tellement le temps passe vite. On aimerait que cela dure encore des jours ou des semaines mais la réalité est tout autre. Les vacances ne peuvent être éternelles. Dommage !
Le soleil est encore bien présent dès ce début de matinée mais, comme la veille, quelques cumulus restent accrochés aux principaux sommets. Nous quittons notre hôtel par les rues pavées du centre ville à la recherche, comme le veut la tradition, d'une boulangerie et d'une superette pour y acheter le casse-croûte du midi. En sens inverse, nous reprenons le même chemin que la veille jusqu'à Bouveret. En ce début de matinée, la véloroute est encore presque déserte d'où cette impression de tranquillité absolue.
Mais cela ne dure pas très longtemps car il nous faut maintenant emprunter l'axe routier qui borde le lac Léman jusqu'à retrouver la petite route de Troubois. Tout d'abord, jusqu'à la frontière à Saint Gingolph, nous sommes toujours en Suisse avec des équipements cyclables (bas-côtés de chaussée ou trottoirs aménagés) présents presque partout nous permettant de profiter pleinement des très nombreux points de vue sur la rive opposée du lac. Mais il nous faut faire un arrêt d'urgence car Laurent vient de se faire piquer au visage par une guêpe ou une bestiole du même genre. Le tube de crème pour les piqûres d'insectes que je trimbale dans ma sacoche s'avère alors bien utile mais attention au contrôle anti-dopage car le principe actif contient de la cortisone.
Par la suite, nous voici en France, et là ça se gâte. Sur cette portion de l'ancienne RN 5, on oublie que les vélos existent et sont aussi des usagers de la route. Le bas côte de la chaussée est très peu large et en très mauvais état, nous obligeant à circuler sur la chaussée elle-même. Par manque de chance, sur cette importante route entre Evian et la Suisse, la circulation est déjà dense ce matin. Après une dizaine de kilomètres de galère, nous voici enfin soulagés à la vue de la bifurcation vers Troubois même si le prix de la tranquillité est une rude pente sur quelques hectomètres jusqu'au centre du village. Peu importe, nous sommes trop contents de quitter cette route mortelle. Malgré tout, la région est peuplée et la circulation automobile y est importante même sur les axes secondaires. Il nous faut vite reprendre les réflexes de sécurité quelque peu oubliés en pédalant sur la véloroute du Rhône.
Après Maxilly sur Léman, nous attaquons la descente sur Evian pour rejoindre la rive du Léman où nous faisons une halte vers le port. Pour quitter la ville, nous longeons la rive du lac le plus longtemps possible mais au bout d'un moment, nous finissons par devoir reprendre l'ancienne route nationale. Alors, nous décidons de passer par Publier comme lors du voyage aller même si là aussi il nous faut affronter une cote en pente douce de 3 km pour gagner Thonon les Bains et à nouveau les berges du lac en passant devant le château de Ripaille.
En cette superbe après-midi estivale, les plages sont noires de monde et il ne reste plus une place de libre sur les tables de pique-nique. Nous poursuivons notre route à la recherche d'un coin tranquille pour casser la croûte et sortons de la ville par la petite route d'Anthy sur Léman, doublée d'une piste cyclable, que nous avions découvert au voyage aller. Arrivés à Sechex, c'est le même constat : pas une place libre en bordure du lac au niveau des plages.
Malgré l'heure, nous décidons de continuer notre route en passant par le domaine privé de Coudrée. Devant la barrière qui en ferme l'accès, aucune voiture ne semble arriver alors nous patientons quelques instant avant de faire passer les vélos par-dessus la barrière. Vu leur poids, ce n'est pas chose facile ! A la sortie du domaine, nous croisons les vigiles en uniforme. Ils ne nous font aucune remarque alors nous poursuivons notre chemin vers la cité médiévale d'Yvoire. Encore plus qu'ailleurs, la foule est au rendez-vous sur la rive du lac et à l'embarcadère tout comme aux terrasses des restaurants. Par chance, nous y trouvons un petit coin de pelouse ombragé encore désert où nous nous installons pour le pique-nique. Nous déballons toutes nos victuailles en les étalant un peu partout pour ce dernier pique-nique. Au menu, du pain, de la charcuterie, un talon de jambon sec, du Gruyère suisse, des gâteaux, quelques pommes, des abricots du Valais (les derniers) et une tablette de chocolat complètement fondue avec la chaleur. C'est certain, nous détonnons largement par rapport au standing du lieu et des autres personnes présentes autour.
Après cela, nous remontons sur les vélos en direction de la frontière suisse à Hermance puis du village de Meinier. Ce samedi après-midi, c'est la fête de l'école des enfants de notre cousine Laurence et toute la famille y participe. Il nous faut y passer pour récupérer les clés de la maison de notre oncle avant d'achever notre périple. Après Presinge, nous prenons la petite route de la douane de Cara pour un regard vers le plus grand des «4 000» des Alpes, le mont Blanc qui apparaît au loin majestueux. La frontière franchie, il ne reste que quelques hectomètres à parcourir et nous voici devant la maison de notre oncle, mettant un point final à ce beau voyage. La douche prise, nous rejoignons ensuite en voiture notre famille à l'école de Meinier pour passer tous ensemble la fin de cette journée à la fête de l'école.
Après, c'est le retour vers Mende même si la tête vagabonde encore et pour longtemps sur le chemin des Romains, au Furkapass ou vers les sommets de l'Oberland bernois. Voilà, c'est fini, il ne reste plus que des souvenirs, des photographies magnifiques et surtout une envie irrépressible de revenir dans cette vallée presque magique de Goms pour y découvrir les pentes du Grimselpass ou du Nufenenpass et leurs paysages superbes.
C'est certain, ce voyage cyclotouriste aurait plu à notre père…
© les balades à vélo de Pierrot - récit en date du .
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