les balades à vélo de Pierrot
le 21 décembre,
c'est l'hiver !
Ce voyage est né d'une boutade lancée dans les airs sans que personne ne l'attrape nécessairement au vol. Une simple petite question : «et si on faisait une randonnée de la source du Lot à celles du Tarn ?» Vous pouvez regarder une carte, la distance qui sépare la source du Lot sur la montagne du Goulet des sources du Tarn sur le mont Lozère n'est que de 11,3 km à vol d'oiseau. C'est court pour faire une belle balade mais c'était sans compter avec notre imagination.
Pour les Lozériens que nous sommes, les hautes vallées du Lot et du Tarn sont familières mais plus loin, ces rivières sont encore une «terra incognita» alors, avec le temps, l'idée mûrit doucement de corser un peu la chose : nous allions descendre le Lot jusqu'à sa confluence avec la Garonne, poursuivre le voyage en remontant la Garonne puis le Tarn pour conclure avec l'ascension du col de Finiels qui sépare les deux vallées, en suivant au plus près ces cours d'eau. Voici un programme beaucoup plus alléchant, n'est ce pas ?
La décision fut prise à l'automne dernier de réaliser ce voyage durant l'été 2010, en autonomie, avec armes et bagages sur le vélo. La première chose à faire était d'établir l'itinéraire. Comme beaucoup de cyclos, les longues soirées d'hiver sont propices à cet exercice. Avec l'aide des cartes au 1/100 000ème de notre institut géographique préféré, de celles au 1/200 000ème de notre Bibendum tout aussi adoré ainsi que de quelques guides touristiques, c'est chose faite avant même que les derniers flocons de neige ne soient fondus.
Le résultat est motivant : notre périple doit nous emmener depuis Mende à travers 8 départements, sur plus de 1 000 km, à la découverte de villes comme Espalion, Conques, Figeac, Cahors, Villeneuve-sur-lot, Agen, Montauban, Albi et Millau en emprutant les véloroutes du Lot, du canal de la Garonne ainsi que celle du Tarn.
A noter que les offices du tourisme du Lot & Garonne et du Lot éditent des plaquettes d'informations sur la véloroute du Lot entre Cahors et Auguillon disponibles en téléchargement sur leur site Internet et qui sont en plus très détaillées et précises pour leur partie lotoise. De même, l'association «Vélo Toulouse» édite un guide du canal de la Garonne à vélo entre Bordeaux et Toulouse, lui aussi très complet avec le descriptif de l'itinéraire, les loueurs et réparateurs de cycles, les possibilités d'hébergement et les plans des centre-villes des grandes agglomérations traversées. C'est vraiment l'idéal pour préparer son voyage. Par contre, l'office du tourisme du Tarn met uniquement en téléchargement sur son site Internet deux plaquettes sur la véloroute du Tarn entre Saint-Sulpice et Trébas, dont les cartes sont malheureusement illisibles, ce qui ne sera pas sans poser de problème plus tard...
Une fois cet itinéraire établi, il fallait encore savoir combien de participants seraient présents au rendez-vous. Christian et moi-même étions fidèles au poste mais, malheureusement, cette année Francis et Fred ne pouvaient se joindre à nous. Il était désormais temps de caler les dates du voyage et de s'occuper des réservations car nous avions opté pour des hébergements en hôtel. Quelques semaines avant le départ, tout est fixé : le départ est prévu le samedi 3 juillet pour un retour à Mende le 14 juillet, avec une première journée de repos à Cahors, après 3 étapes, puis une seconde à Albi après 4 étapes.
Nous voici maintenant la veille du départ. Les sacoches sont remplies, rien n'a été oublié grâce à la check-list élaborée au fil des précédents voyages et le vélo est révisé. Pour la première fois, je me suis amusé à peser mon vélo GBDN, Gaston Brêle De Nain (c'est son surnom !), qui affiche à vide un poids de 16,7 kg. En y ajoutant les 3 sacoches avant et arrière, celle du guidon et les bidons, on atteint le poids respectable de plus de 32 kg auquel il faut ajouter le quintal du cycliste ce qui promet dans les cotes !
C'est le grand jour, celui du départ pour le plus long de nos voyages. Le rendez-vous est fixé sur le parking au bord du Lot, à Mende, à proximité du pont Notre-Dame. Le temps est superbe et la température encore fraîche en cette matinée alors que la canicule s'installe sur la France. Marie, l'épouse de Christian, nous rejoint pour donner le départ vers 9 h 00, après quelques derniers encouragements.
En ce jour de grand départ en vacances, la circulation estdense sur la RN 88 qui nous emmène vers Banassac. Sur ces premiers kilomètres, il faut rester très concentré sur sa conduite d'autant plus qu'il faut aussi s'habituer au chargement du vélo qui modifie sensiblement l'équilibre et qui oblige à recourir au triple plateau pour toutes les cotes et faux plats si l'on veut s'économiser un peu. Nous ne pouvons guère profiter des paysages mais nous les connaissons presque par cœur. Après 28 km de route, au niveau du rond-point autoroutier du Romardiès, nous retrouvons une grande tranquillité qui ne nous quittera pratiquement jamais jusqu'à notre retour à Mende. Au fur et à mesure de notre avancée, à partir de Saint-Laurent d'Olt où nous quittons la Lozère pour entrer dans l'Aveyron, les paysages sont de moins en moins familiers.
Même si la première partie de ce voyage nous fait descendre le Lot jusqu'à la Garonne, c'est une belle montée au travers des bois de chênes et de châtaigniers qui nous amène au village de Pomayrols, où nous pique-niquons le midi. Après le repas, nous faisons un arrêt à Saint-Geniez-d'Olt où trône sur le pont une statue de la marmotte et des Marmots bien connue des amateurs de cyclosportives. Nous ne le savons pas encore mais la recherche des terrasses ombragées des cafés deviendra très vite un véritable leitmotiv.
C'est sous la chaleur (32° C) que nous gagnons Saint-Come après un passage au barrage hydroélectrique de Castelnau-Lassouts puis Espalion, au terme d'une très belle première étape. Notre hôtel se trouvant à deux kilomètres de la ville, nous y déposons nos bagages avant de gagner le centre historique du bourg, avec son vieux pont de pierre et son scaphandrier, qui baigne les pieds dans le Lot. De retour à l'hôtel, une bonne douche vient nous rafraîchir. Après quoi, il ne nous reste plus qu'à se débarrasser de la corvée de lessive qui sèche très vite dehors, sur le fil à linge, au soleil et au vent. En soirée, nous prenons le repas à l'hôtel puis rejoignons la chambre dont les fenêtres donnent directement sur le ruisseau de la Boralde, qui descend de l'Aubrac en nous apportant un peu de fraîcheur la nuit alors que le temps est de plus en plus lourd.
Au réveil le lendemain matin, le beau temps et la chaleur sont déjà au rendez-vous malgré quelques nuages persistants qui s'évacuent progressivement. Une fois le petit déjeuner, pris, nous bouclons
Ce dimanche, la circulation est faible malgré le gabarit important de la route départementale que nous empruntons pour suivre le Lot. Les premières vignes font leur apparition entre Espalion et Estaing, où nous faisons notre première pause pour admirer le village dominé par son imposant château. Déjà, plusieurs cars y déversent leur flot de touristes. Nous voici maintenant à l'entrée des gorges du Lot qui nous offrent leur ombre et leur fraîcheur bienvenues. Sans discontinuité, la route suit la rivière jusqu'à Entraygues sur Truyère, nous faisant découvrir cette superbe vallée encaissée dans les bois de feuillus et encore sauvage malgré les ouvrages hydroélectriques. Nous voici arrivé à la confluence du Lot et de la Truyère, qui, elle aussi, prend naissance en Lozère, au pied du col des Trois Sœurs.
Une nouvelle halte à la terrasse d'un café en centre ville nous permet de nous désaltérer et de reprendre des forces avec les sablés achetés le matin à la boulangerie. Les derniers nuages disparaissent pour laisser place au soleil et au ciel bleu en cette fin de matinée. En repartant, un malheureux sens interdit nous oblige à franchir à pied le vieux pont sur la Truyère.
Toujours sur cette route départementale qui, entre Aveyron et Cantal, serpente le long du Lot où nous croisons deux autres voyageurs à bicyclette, nous poursuivons tranquillement notre descente jusqu'à la confluence avec le Dourdou. Evidemment, lorsque nous réfléchissions à l'itinéraire, il était impensable pour nous de ne pas faire un petit aller-retour jusqu'à Conques. Nous quittons donc momentanément la vallée du Lot pour celle du Dourdou que nous remontons sur environ 8 km sans aucune difficulté jusqu'au pied du village. Là, c'est une belle cote très pentue sur 1 km qui nous attend en plein soleil pour corser la difficulté.
Mais la récompense est au sommet avec un point de vue magnifique sur le village, où la circulation automobile y est interdite (sauf pour les habitants). Après avoir trouver un mur ombragé pour y laisser les vélos, nous nous installons dans un petit restaurant pour déguster un aligot saucisse et une crème brûlée. Après ce repas, comme les très nombreux pèlerins du chemin de Saint Jacques de Compostelle, nous visitons le village et sa basilique.
Après avoir rejoint la vallée du Lot, la remise en route n'est pas facile en raison d'une chaleur de plus en plus forte (35 ° C) et d'un vent défavorable. Nous continuons encore à longer la rivière jusqu'à Port d'Agres, où la vallée s'élargit. Les grandes cultures céréalières et maraîchères font leur apparition de manière de plus en plus régulière au détriment de la forêt. Le lot change aussi d'aspect : le cours d'eau impétueux et sauvage s'assagit pour laisser place à une rivière large, calme et domptée au profit de la navigation et des usines hydroélectriques de plus en plus nombreuses au fil de l'eau. Les petites routes vers Livinhac nous permettent d'éviter l'agglomération de Decazeville.
Après une pause bien méritée dans un café où nous remplissons nos bidons d'eau bien fraîche et de quelques glaçons, il faut emprunter sur une douzaine de kilomètres une route au trafic plus important pour gagner Capdenac tout en restant au plus près de la rivière. Cela se passe très bien malgré ce vent toujours présent mais les chose se gâtent ensuite très rapidement avec une longue cote, tout d'abord sur la route principale qui mène à Figeac puis sur une petite route bucolique, jusqu'à Capdenac-Haut où l'on découvre un superbe panorama sur toute la vallée du Lot. Par la suite, quelques raidillons nous font passer vers la vallée du Célé par des routes champêtres avant de descendre finalement sur Figeac.
Arrivés à notre hôtel, sobre mais très agréable, et une fois les vélos rangés dans le garage, une douche fraîche permet de se débarrasser de la fatigue de la journée. En début de soirée, nous partons à la visite du vieux centre ville tout en recherchant un restaurant car la faim commence à se faire sentir. Après quelques hésitations, nous en choisissons finalement un au nom angélique, où nous dégustons sur la terrasse extérieure de délicieuses tartines de pain superbement garnies, accompagnées d'un vin blanc dont nous notons soigneusement l'adresse du viticulteur pour s'en souvenir… Le soir, au moment de se coucher, la chaleur est encore sensible. Par chance, la fenêtre donne du coté jardin et nous pouvons la laisser ouverte en grand sans être dérangé durant la nuit.
Cette nuit est aussi chaude que les précédentes. Au matin, c'est le soleil et un ciel bleu azur qui nous réveillent et l'on sent déjà que la chaleur ne va pas nous épargner aujourd'hui. Comme nous avons opté pour le casse-croûte ce midi, il nous faut repasser dans le vieux centre pour faire les courses dans la superette repérée la veille.
Le départ se fait très tranquillement en longeant le Célé sur quelques kilomètres avant de bifurquer vers le village de Faycelles qui doit nous permettre de basculer à nouveau dans la vallée du Lot, après une cote d'environ 3 km. C'est la première suée de la journée et pas la dernière ! Après une courte visite du village, nous entamons la descente vers le Lot, sous une ombre des plus agréable. Au fur et à mesure de notre avancée, nous nous approchons du parc naturel régional des causses du Quercy où la rivière s'est frayée un chemin entre les falaises calcaires dans une longue série de méandres.
Le point de vue du saut de la Mounine en offre un panorama magnifique. Il faut auparavant affronter une cote fortement pentue et bien ensoleillée pour y parvenir mais cela en vaut bien la peine. La mosaïque de parcelles agricoles laisse apparaître les champs de maïs, des cultures maraîchères et même du tabac ainsi qu'une myriade d'asperseurs tournant à longueur de journée. La chaleur omniprésente est rendue plus supportable par un agréable petit vent.
Notre première pause ravitaillement se fait à la terrasse d'un café de Cajarc avant de prendre la direction d'un des plus beaux villages de France, Saint Cirq Lapopie, par de petites routes d'une tranquillité absolue. Gamin, j'y étais venu durant mes vacances dans le Lot mais je n'en avais pas vraiment le souvenir.
La beauté du village et du site qu'il occupe sur son promontoire rocheux fait oublier la redoutable montée qu'il faut franchir pour s'y rendre. Même si c'est dur, le vélo offre un avantage indéniable sur la voiture : nous pouvons nous arrêter n'importe où, profiter pleinement des paysages alors que les voitures s'entassent dans les parkings obligatoires.
C'est l'heure du repas et une très sympathique commerçante accepte que nous nous installons à l'une de ses tables pour y manger nos casse-croûtes. Bien évidemment, nous prenons quelques consommations et même une glace en guise de dessert. La descente sur le village de Bouziès offre de nombreux points de vue sur la rivière et ses bateaux de plaisance de plus en plus nombreux.
Une fois sur la route principale de la vallée, nous faisons un aller-retour d'une dizaine de kilomètres jusqu'à Cabrerets et son château sur la vallée du Célé. Par la suite, nous reprenons notre chemin vers Cahors via de minuscules routes pour éviter le plus longtemps possible les affres des grands axes routiers. Mais cela devient inévitable aux abords de la ville et l'arrivée devient vraiment pénible en cette fin d'après-midi. En plus, une route barrée vers la gare nous fait tourner en rond mais nous finissons quand même par gagner notre hôtel, bien fatigués après cette très longue étape mais c'est pas grave, demain, c'est repos ! Nous évitons aussi la corvée de lessive car notre hôte accepte très gentiment de s'en charger.
Après un excellent repas composé d'une salade aux gésiers, d'un confit de canard suivi d'une tarte chaude aux pommes, nous faisons une escapade en centre ville pour y découvrir le marché nocturne vraiment très animé et siroter une boisson fraîche à la terrasse d'un café, sur la place où trône la statue de Gambetta. Il est 22 h 00 et il fait encore 26 ° C… De retour à l'hôtel, la chaleur excessive oblige à ouvrir les fenêtres de la chambre mais le bruit des piétons et des véhicules fréquentant la gare nous empêchent de nous endormir rapidement.
Au matin, le peu de fraîcheur est appréciable et appréciée. Aujourd'hui, les vélos se reposent et nous aussi. Cette journée est consacrée àla visite de la ville, tout doucement, sans se presser. Après le petit-déjeuner, nous nous dirigeons vers le magnifique pont Valentré qui enjambe le Lot avec ses six arches et ses trois tours fortifiées.
La légende prétend qu'en raison de la lenteur du chantier, l'architecte passa un pacte avec le diable afin qu'il l'aide dans sa tâche, en échange de son âme. Mais il eu la mauvaise idée de vouloir le berner. En représailles, chaque nuit le diable retira la dernière pierre de la tour centrale qui avait été remise en place la veille par les ouvriers. C'est pourquoi, lors de la restauration du pont en 1879, un petit diable fut sculpté au sommet de cette tour centrale, à l'un des angles. Nous gagnons ensuite l'office du tourisme pour y récupérer un plan de la ville et obtenir quelques informations sur la véloroute du Lot que nous devons prendre demain jusqu'à la Garonne. Très sympathiquement, on nous explique où la récupérer et surtout le balisage à suivre pour ne pas la confondre avec les autres parcours cyclotouristes en boucle autour de Cahors.
Le plan en main, nous commençons notre exploration de la vielle ville par la cathédrale Saint Etienne et ses deux étonnantes coupoles ainsi que son très beau cloître. L'heure passant, nous choisissons un restaurant sur la place Galdemar, à coté de l'ancienne halle aux grains de 1869. Par chance, il reste encore une table non réservée à l'ombre. L'après-midi, la chaleur est à nouveau étouffante. Nous continuons notre promenade dans les rues de la vieille ville en profitant de l'ombre des bâtiments avant de finir à la terrasse d'un café pour se désaltérer et écrire quelques cartes postales.
De retour à l'hôtel, nous regardons les pros du tour de France pédaler pendant que nous sirotons une boisson fraîche au bar. En soirée, nous récupérons nos affaires de vélos toutes propres mais cela ne durera que jusqu'au lendemain.
Au réveil, après une nuit plus calme que celle de la veille, nous nous préparons pour le petit-déjeuner et descendons dans la salle du restaurant en tenue, avec tous nos bagages. Aujourd'hui, c'est une très longue étape qui nous attend alors nous voulons partir de bonne heure. C'est sous un chaud soleil et un ciel bleu que nous quittons Cahors par le pont Valentré, point de départ conseillé de la véloroute du Lot, en rive gauche.
Les premiers kilomètres empruntent des routes fréquentées mais, malgré cela, la sortie de la ville est aisée grâce aux quelques aménagements cyclables existants et à une signalétique très efficace. A chaque rond-point ou changement de direction, des panneaux spécifiques de couleur verte indique la route à suivre. Il nous fait toutefois être attentif car les itinéraires des boucles cyclotouristes autours de Cahors apparaissent sur fond rond alors que la véloroute du Lot a un balisage sur fond carré.
Une fois sorti de l'agglomération, la véloroute emprunte très rapidement de toutes petites routes champêtres. A un endroit, nous hésitons à poursuivre notre chemin car un panneau indique que la route est barrée. Nous décidons de poursuivre et d'aviser plus loin s'il y a lieu. Un engin de travaux public travaille à dégager la route de plusieurs arbres récemment tombés.
Un peu plus loin où elle longe au plus près le Lot, c'est la berge qui s'est écroulée. Il faut alors descendre de vélo pour contourner sur quelques mètres cette zone dangereuse et nous voici de nouveau reparti, à travers le vignoble et ses tracteurs agricoles qui nous ralentissent (si, si !), les vergers de noyers et même les champs de fraisiers qui sentent si bons, vers Luzech.
Ce village, dominé par un vieux donjon, occupe un site particulier : il se trouve dans le creux d'un méandre du Lot. A peine deux cents mètres séparent les peux ponts qui enjambent la rivière alors qu'elle fait une boucle de plus de quatre kilomètres entre chacun d'eux. Nous nous y arrêtons pour un boire un coup et faire les courses en vue du pique-nique du midi. C'est en plus le jour du marché mais nous ne trouvons pas de pain pour les sandwiches ! Il faudra atteindre Albas, le village suivant, pour dénicher une boulangerie.
Notre cheminement le long du Lot se poursuit toujours aussi tranquillement sur des routes presque sans voiture ce qui est plutôt une très bonne surprise pendant les grandes vacances. Nous décidons de pousser jusqu'à Puy-l'Evêque pour y pique-niquer si possible à la terrasse d'un café.
Notre première tentative auprès du café-restaurant le long de la véloroute, en rive gauche, est un échec. Par chance, celui en rive droite nous accueille beaucoup plus sympathiquement. Nous en profitons pour agrémenter le pique-nique d'une bonne glace avant de reprendre notre route. Après ce repas, nous reprenons la véloroute du Lot et, pour la première fois, un panneau indique la direction d'Aiguillon, où le Lot conflue avec la Garonne.
Après une petite dizaine de kilomètre, notre itinéraire quitte la véloroute pour se diriger vers le château fort de Bonaguil. Christian, dont la cheville est douloureuse, préfère ne pas tenter le diable dans les cotes qui doivent nous y mener et poursuit son chemin vers Fumel puis Villeneuve-sur-Lot, notre ville étape du jour, où nous devons nous retrouver à l'hôtel. De mon coté, je poursuis ma route vers le château via Duravel et une belle cote à la sortie du village sous le cagnard, avant de me retrouver dans des sous-bois à l'ombre bienfaitrice. La descente vers Bonaguil est piégeuse en raison d'un récent ravillonnage de la chaussée et de la succession des zones d'ombre et de soleil.
Soudain, à la sortie d'un virage, le château apparaît, majestueux, dominant les quelques maisons du village. Le site est réellement très impressionnant tout comme les prix du seul café à des kilomètres à la ronde. Jamais je n'ai payé aussi cher mon eau gazeuse favorite avec un sirop de menthe mais la chaleur est vraiment trop insupportable pour se priver de ce plaisir. Après un court ravitaillement, je descends la vallée en direction de Fumel pour rattraper la véloroute du Lot à Condat. Nous venons de quitter le département du Lot pour entrer dans le Lot et Garonne, ce qui n'est pas sans avoir quelques fâcheuses conséquences.
Entre Condat et Fumel, la véloroute emprunte un chemin caillouteux en bordure de la rivière jusqu'aux abords de la gare où se perdre est chose facile. Les randonneurs y ont tracé de nombreux chemins et aucun panneau d'indication ne permet de s'y retrouver. Après quelques hésitations, je retombe sur mes pieds ou plutôt ur un panneau qui me remet dans le droit chemin. Mais un peu plus loin, il faut descendre de vélo pour emprunter un escalier puis franchir les anciens rails d'une voie ferrée désaffectée. Tout ceci est très facile avec un vélo qui pèse plus de 32 kg sur l'épaule alors qu'il aurait été possible de prendre une petite route sans obstacle qui m'aurait amener u même point ! Une modification de l'itinéraire sur une centaine de mètres semble ici vraiment nécessaire. Sortir e Fumel s'avère aussi difficile car les panneaux de la véloroute sont rares et le parcours très tortueux. Au changement de département, la qualité de la signalétique ne supporte vraiment pas la comparaison…Enfin, après quelques kilomètres dans l'agglomération, on retrouve en rive gauche du Lot des paysages agricoles où les champs de maïs sont toujours aussi nombreux alors que les premiers vergers de pruniers font leur apparition.
Je roule maintenant vers Penne d'Agenais où nous avions initialement prévu de passer la nuit mais où nous n'avons trouvé aucun hôtel correspondant à notre budget.
Une belle surprise m'y attend. Evidemment, lorsque j'ai fait l'itinéraire de notre voyage, j'ai bien vu que le village est perché sur une butte mais une fois sur place la cote se métamorphose en un véritable mur, en plein soleil pour corser un peu les choses. D'autant plus que la fatigue se fait sentir après déjà plus de 100 km, il me faut beaucoup de volonté et les plus petits développements de GBDN pour arriver à la basilique de Notre-Dame de Peyragude qui domine la vallée.
Le temps de reprendre mon souffle, d'admirer la basilique et le point de vue malheureusement en partie bouché par les grands marronniers, me voici reparti dans une belle descente vers Saint Sylvestre où je franchi à nouveau le Lot. Les peintures vieillissantes, parfois à peine visibles, de la piste cyclable et des panneaux éparses rendent l'orientation pénible et finissent par me ramener à nouveau dans le village. Avec quelques kilomètres de plus au compteur, je finis par retrouver l'itinéraire de la véloroute qui m'amène directement dans le centre historique de Villeneuve-sur-Lot, vers 18 h 30.
Christian, qui est arrivé bien avant moi, est déjà douché ce que je fais aussi très rapidement. Après cela, nous partons assez vite à la recherche d'un restaurant car la faim se fait sentir. Nous choisissons un restaurant italien très sympathique dans les rues étroites du centre-ville où nous dégustons une pizza et des pâtes pour reconstituer nos forces perdues dans cette longue étape. En soirée, nous continuons la découverte de la vieille ville avant de s'arrêter sur les rives du Lot pour y écouter un concert de rock et finalement aller se coucher. Ce soir, l'équipe de football d'Espagne s'est qualifiée pour la finale de la coupe du monde et ses nombreux aficionados nous offrent des concerts de klaxon. Une fois de plus, il faut être patient avant de pouvoir s'endormir surtout que la chaleur est encore difficilement supportable…
Ce matin, nous nous levons de bonne heure, vers 7 h 15 et nous descendons prendre le petit-déjeuner en tenue, prêts à partir pour profiter des températures encore clémentes alors que la météo annonce des températures caniculaires toujours plus élevée. Cette nouvelle étape commence par le traditionnel arrêt à la superette pour y acheter le pique-nique du midi. Rapidement, nous voici de nouveau sur les petites routes tranquilles de la véloroute, entre les villages, les fermes et les champs de céréales, de légumes et de fruits avec bien sur beaucoup de pruniers (nous sommes à moins de 25 km d'Agen à vol d'oiseau). Ici, la terre et le climat semblent propices à tout type de cultures, à condition de les irriguer abondamment !
Une fois passé le village de Bias, après la traversée du Lot, la véloroute emprunte la voie verte de Casseneuil sur un peu plus de 3 km. Pouvoir circuler sans rencontrer de voitures est un vrai régal pour les cyclistes comme pour les joggeurs ou les promeneurs. C'est dommage que ce type d'aménagement soit encore trop peu développé dans notre pays.
Juste avant le village de Nicole, la véloroute bifurque sur la gauche pour rejoindre Aiguillon mais avant de s'y rendre nous faisons un petit détour qui nous amène au point de vue de la croix du Pech de Berre à 160 m d'altitude. La montée au panorama est terrible : elle fait à peine plus d'un kilomètre mais avec 130 m de dénivelée, es pourcentages y sont très costauds. Au sommet, la Garonne apparaît enfin mais le Lot se cache derrière de grandes haies de peupliers et on ne distingue leur confluence qu'au niveau d'une île de sable.
Un robinet d'eau potable permet de se rafraîchir en mettant la tête sous l'eau et de remplir les bidons avant de redescendre très prudemment, presque debout sur les freins tellement la pente est raide et les vélos lourds. De nouveau sur la véloroute our encore quelques hectomètres, nous traversons le Lot que nous quittons définitivement après 6 jours de voyage et près de 500 km, avant d'entrer dans Auguillon.
Nous y faisons la halte du midi, sur la place du village, à l'ombre des grands platanes en sirotant des boissons fraîches. A la reprise, nous traversons la Garonne en direction de Damazan puis de Buzet sur Baïsse. L'altitude atteint péniblement les 30 m. Quel changement pour des Lozèriens plutôt habitués à rouler à 1 000 m d'altitude ! La reprise est très dure avec une chaleur infernale, le compteur du vélo indique une température de 38 ° C ! En plus, le vent, qui est désormais de face, dessèche la gorge à grande vitesse. Tant bien que mal, nous poursuivons notre route à la recherche d'un café mais nous n'en trouvons aucun dans les villages traversés. Nous nous arrêtons même dans un cimetière mais notre quête d'un point d'eau reste vaine. Il faut tenir le coup jusqu'à Sérignac sur Garonne pour en trouver un. Autant vous dire que nous nous y sommes précipités !
Après une longue pause, nous repartons vers 15 h 00 en direction d'Agen. En prenant la véloroute des deux mers le long du canal de la Garonne, il ne nous reste plus que 12 km avant l'arrivée. Par chance, cette très belle véloroute est la plupart du temps bordée de nombreux platanes ou peupliers à l'ombre salvatrice. L'entrée dans la ville d'Agen se fait très facilement par l'impressionnant pont-canal qui enjambe la Garonne. Quelques hectomètres plus loin, il nous faut gagner le centre ville pour rejoindre l'hôtel.
Notre chambre est un véritable délice : elle est spacieuse, très confortable et il y fait frais en comparaison de la température extérieure. En plus, la salle d'eau est équipée d'une baignoire. Que du bonheur ! Je me précipite dans un bon bain qui me permet enfin de me rafraîchir durablement. Après quoi, pendant que Christian prend sa douche, je vais acheter deux bouteilles d'eau et quelques fruits à la superette du quartier mais je rentre rapidement à l'hôtel tellement la chaleur est suffocante.
Nous ne sortons de la chambre qu'en début de soirée pour une visite de la cathédrale puis pour dîner à la terrasse d'un excellent petit restaurant situé dans une rue iétonne voisine de notre hôtel. Le repas y est carrément succulent, miam, miam ! Plus tard, avant de se coucher, nous allumons la télévision pour jeter un œil à la météo qui annonce une alerte aux orages violents sur neuf départements du sud-ouest de la France. Jusqu'à présent, nous avons évité la pluie mais cela n'annonce rien de bon pour le lendemain.
Ce matin, le réveil n'a pas sonné et aucun de nous deux ne s'est réveillé de bonne heure. C'est vers 8 h 30 que l'on fait finalement surface alors qu'habituellement nous sommes déjà sur le départ. Il a encore fait très chaud cette nuit et les voisins ont été bruyants. Le temps de se préparer, d'avaler le petit-déjeuner et de charger les vélos, il est déjà 9 h 30 mais ce n'est pas trop grave car l'étape du jour figure parmi les plus courtes de notre périple.
Après les courses à la superette, nous quittons Agen très facilement par la véloroute au revêtement impeccable, à l'abri de toute circulation automobile. Nous y croisons de nombreux cyclistes, aussi bien des sportifs que des familles en balade. Pour éviter une trop grande monotonie du parcours, nous quittons les berges du canal pour les routes campagnardes à partir du village de Lafox.
Quelques kilomètres avant Donzac, nous voici de retour en Midi-Pyrénées, dans le Tarn et Garonne. Au loin, on peut apercevoir les panaches de vapeur d'eau s'élevant des tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech. Le temps lourd et orageux depuis notre départ nous offre les premières gouttes de pluie mais cela ne durent qu'une poignée de secondes sans même nous mouiller ou nous rafraîchir. A Lamagistère, nous retrouvons la véloroute des deux mers jusqu'à la confluence de la Garonne et du Tarn puis Moissac. L'heure avançant, nous nous y arrêtons pour le casse-croûte du midi, toujours à la terrasse d'un café. La température a baissé légèrement, il fait maintenant 27 ° C mais le ciel reste très menaçant.
Désormais, nous entamons la longue remontée du Tarn qui doit nous conduire jusqu'au col de Finiels en Lozère, à plus de 400 km et tout d'abord à Montauban, l'étape du jour. Nous quittons Moissac par la véloroute des deux mers et le pont-canal sur le Tarn où nous croisons un couple de cyclo-voyageurs étrangers. Une fois franchi la rivière, nous voici livré à nous même : c'est la fin des parcours balisés et des véloroutes que nous suivions depuis Cahors. Il faut maintenant avoir un œil attentif à la carte pour ne pas se détourner de l'itinéraire chois qui serpente entre les champs et les villages.
Comme d'habitude, nous cherchons toujours le sacro-saint café pour y faire une pause mais nous n'en voyons aucun ou alors ceux-ci sont fermés. Nous ne trouvons même pas de superette ou de magasin pour acheter de l'eau. Il faut se contenter d'un robinet à coté de sanitaires publics qui nous offre qu'une eau chaude dont on se satisfait quand même à défaut d'autre chose. Après Meauzac, la route longe au plus près le Tarn et nous permet de découvrir sa confluence avec l'Aveyron.
Notre arrivée à Montauban se fait assez tôt en après-midi nous laissant du temps après la douche pour regarder la fin de l'étape du tour de France à la télévision et faire une longue balade à pied dans les rues du vieux centre-ville. Nous prenons un apéritif puis le dîner à la terrasse 'un restaurant de la place Royale. En soirée, l'orage éclate enfin. Nous attendons tranquillement sous les voûtes que la pluie se calme tandis que les clients de deux autres restaurants sur la place se précipitent à l'abri.
Au réveil, le ciel est couvert mais au moins la nuit a été plus fraîche et agréable. Nous quittons Montauban par les petites routes et, dès l'autoroute A 20 franchie, nous nous retrouvons au milieu des champs de tournesol et les vergers de pommes et de kiwis, en rive droite du Tarn. Après une vingtaine de kilomètres, nous faisons halte à Villebrumier pour acheter de quoi manger ce midi. D'un coté de la route, on trouve la superette et de l'autre la boulangerie. En moins de cinq minutes, les courses sont faites et nous reprenons notre route. Une poignée de kilomètres après le village, nous découvrons ce qui est devenu pratiquement un monument historique en voie de disparition : une superbe et vieille borne kilométrique, qui indique le passage du département du Tarn et Garonne à celui de la Haute-Garonne, trône sur le bas-côté de la chaussée.
Un peu plus loin, le bourg de Villemur nous réserve une belle surprise. Un imposant seuil barre le cours du Tarn sur toute sa largeur avec, de part et d'autre, d'anciens bâtiments datant de 1930 qui témoignent d'une activité industrielle passée. Pour finir, un très beau pont suspendu à structure métallique permet la traversée de la rivière et comme le site a été aménagé, l'accès aux ouvrages en est très acile, même à vélo.
Après cette courte pause, nous continuons notre chemin. Le iel, très nuageux depuis le départ, commence à se morceler, laissant un soleil timide faire son apparition, alors ue la température est maintenant proche de 28 °C. Entre Mirepoix sur Tarn et Buzet sur Tarn où nous entrons dans le département du Tarn, la platitude des paysages laisse place aux creux et vallons, parsemés de bois et de champs de tournesol en fleur beaucoup plus agréables malgré plusieurs raidillons.
Arrivés à Saint Sulpice où il nous faut prendre la véloroute du Tarn, nous faisons notre pause méridienne pour casser la croûte, assis à la terrasse ombragée d'un café. Passé cet agréable moment, nous remontons sur le vélo à la recherche d'un des très nombreux panneaux aperçus quasiment à chaque carrefour, lors de notre entrée dans le village. Il suffit de ne pas confondre le balisage de la véloroute du Tarn avec celui de la véloroute de l'Agout. S'orienter semble très facile mais nous allons quand même nous tromper ou plutôt tourner en rond pendant un bon quart d'heure. Le responsable en est un panneau manquant au niveau de l'étroite rue du centre ville. Une fois sur le bon chemin, il suffit de se laisser guider jusqu'aux portes d'Albi, à une cinquantaine de kilomètres.
C'est en tout cas ce que l'on croyait mais les panneaux ont la fâcheuse habitude de disparaître spontanément à l'approche des villages et gros bourgs. Il faut donc sortir régulièrement la carte de son étui pour une séance d'orientation car ce n'est pas la carte illisible récupérée sur Internet qui peut nous aider, ce qui gâche un peu le plaisir de rouler sur ces petites routes. Avec un soleil toujours plus présent, la chaleur devient caniculaire et le café de Lisle sur Tarn est le bienvenu.
Progressivement, la vigne prend le dessus sur les autres cultures et nous voici maintenant à Gaillac, réputée pour on vin dès le Moyen Age. Là aussi, la carte routière est nécessaire pour trouver sa route car les panneaux balisant la véloroute sont invisibles. Nous quittons la ville par le pont de Brens puis poursuivons notre remontée du cours d'eau sur la rive gauche, arrivant ainsi aux portes de l'agglomération d'Albi.
N'ayant trouver d'hôtel à des tarifs abordables dans Albi même, notre choix s'est porté sur un établissement situé dans la zone d'activité commerciale du Sequestre, à proximité des grands magasins, de la halle d'exposition et du circuit automobile. Comme notre itinéraire nous fait arriver du bon coté, il suffit d'emprunter deux grands ronds-points pour franchir la RN 88 à deux fois deux voies pour arriver enfin à destination. Sur le parking de l'hôtel, une trentaine de voitures anciennes d'un club qui organise un rallye touristique dans la région, stationne sur le parking.
Demain, après ces quatre étapes consécutives depuis Cahors, c'est repos pour les vélos au coin du bar de l'hôtel mais pas pour nous car nous avons prévu de profiter du dimanche pour visiter Albi. En attendant, très gentiment, notre hôtesse accepte de s'occuper de notre linge, nous épargnant une corvée de lessive dans le lavabo de la salle de bain. Pour éviter la cohue à l'heure du repas, nous allons dîner juste avant les membres du club automobile. Plus tard, après avoir consulté les horaires de la ligne de bus qui pourrait nous amener vers le centre ville et constaté qu'il n'y en a malheureusement aucun le dimanche, nous passons la soirée devant la télévision en regardant la petite finale de la coupe du monde de football. Le début de nuit est agité à cause de notre voisin de chambre, membre du club de voitures anciennes, fortement alcoolisé, beaucoup rop bruyant et anglais de surcroît ! Il faut attendre qu'il s'endorme pour en faire autant…
Au matin, tous les nuages se sont dissipés, dévoilant un ciel bleu superbe. Tranquillement, nous nous préparons, prenons le petit-déjeuner avant de nous rendre à pied vers le vieux centre ville historique d'Albi, à 2 ou 3 km de notre hôtel. Après un passage à l'office du tourisme pour récupérer un plan et quelques dépliants touristiques, nous profitons de ce temps magnifique à la terrasse d'un café, en face la cathédrale et le palais de la Berbie qui abrite le musée Toulouse-Lautrec, tout en écrivant les dernières cartes postales.
Notre visite commence par la cour intérieure du palais puis par ses jardins absolument superbes et immanquables. Le cheminement piétonnier aménagé sous une tonnelle de vigne permet d'en admirer toute la beauté, en profitant aussi d'une exposition photographique et d'une très belle vue sur le Tarn.
La cathédrale située juste à coté nous tend les bras mais nous écourtons notre visite en raison d'une cérémonie religieuse en cours. Nous continuons alors notre visite par les halles, la collégiale Saint-Salvi et son cloître et la maison du viel Alby avant de s'arrêter dans une ruelle, à la table d'un petit restaurant où nous dégustons un excellent cassoulet qui passe très bien malgré la forte chaleur puis une petite glace en dessert.
En après-midi, nous retournons visiter la cathédrale Sainte Cécile. C'est une véritable surprise de découvrir les peintures de la voûte qui s'étendent sur 100 m de long et 20 m de large tout comme les statues du chœur finement ciselées. Après quoi, courageusement, nous décidons d'affronter le soleil et la chaleur caniculaire en traversant le Tarn par le Pont Vieux en direction de l'église de la Madeleine, du musée Lapérouse et des anciens moulins albigeois.
En milieu d'après-midi, nous reprenons le chemin de l'hôtel en choisissant soigneusement les rues les plus ombragées, avec un passage devant la statue de Lapérouse puis dans le parc Rochegude. Nous en profitons pour faire une reconnaissance du parcours qu'il nous faudra suivre demain pour quitter Albi. Une fois à notre hôtel, une douche fraîche fait énormément de bien. La télévision nous montre les images des coureurs du tour de France dans l'ascension de Morzine. Eux aussi ont très chauds… Après le dîner, nous regardons la finale de la coupe du monde de football avant de se coucher mais notre voisin anglais est là, toujours alcoolisé et bruyant !
Sur le papier, l'étape du jour est la plus longue alors nous nous levons vers 7 h 00 pour commencer à se préparer puis aller prendre le petit-déjeuner. Comme prévu, nous réussissons à partir dès 8 h 00. Malgré quelques nuages, l'impression de beau temps domine largement, avec déjà une chaleur sensible. La traversée des deux grands ronds-points au dessus de la RN 88 est facile à cette heure, les automobilistes étant même prévenant en nous facilitant le passage. Par la suite, nous récupérons les avenues et boulevards repérés la veille pour rejoindre la route de Saint-Juéry et le Tarn. Même avec une circulation dense en ce lundi matin, nous circulons assez facilement grâce à de nombreuses bandes cyclables.
A partir de Saint-Juéry, nous longeons la rivière en rive gauche. La vallée du Tarn se transforme : les vastes plaines ont disparues, remplacées par des plateaux boisés dans lesquels la rivière a taillé son lit. La présence de deux étroits tunnels limite la largeur et la hauteur des véhicules, nous évitant ainsi tous les camions ou autres camping-cars et caravanes mais la prudence est nécessaire car ils sont longs, n courbes et mal éclairés. D'ailleurs, nous nous arrêtons systématiquement à leur entrée pour mettre en marche notre propre système d'éclairage.
Une halte à Ambialet s'impose pour découvrir le fameux méandre du Tarn. Le village s'y est installé sur une presqu'île et ce n'est qu'un simple éperon rocheux traversé par un tunnel qui sépare, sur une cinquantaine de mètres, les deux coté de cette boucle de la rivière. Nous profitons de cet arrêt pour faire les achats du pique-nique dans une boulangerie, faisant aussi office d'épicerie.
C'est en sortant que nous connaissons notre seul incident mécanique de notre voyage : mon vélo, en équilibre instable le long d'une haie, tombe lentement sur le coté. Le casque, attaché au guidon par la jugulaire, se retrouve coincé entre le sol et le vélo et crac ! Dire que je l'avais acheté juste avant de partir. C'est mon vélociste qui va être content… Après un rafraîchissement pris à la terrasse d'un café, nous repartons en empruntant l'itinéraire de la véloroute du Tarn jusqu'à Trébas où elle s'interrompt.
Durant une douzaine de kilomètres, nous voici sur des routes connues car nous y sommes passé cette année à la Pentecôte, lors de notre séjour à Saint Sernin sur Rance. Un peu plus loin, nous stoppons au village de Brousse que surplombent les ruines d'un imposant château.
Sur ces petites routes, la circulation automobile est quasiment inexistante, hormis quelques touristes, en raison de ces fameux tunnels de plus en plus dangereux. Deux d'entre eux ne sont absolument pas éclairés. En plus, comme ils sont longs (entre 300 et 400 m) et en courbe, notre éclairage n'est pas suffisant. Après avoir parcouru quelques dizaines de mètres, il fait plus noir que dans un four. Il nous faut descendre de vélo, mettre le gilet de sécurité qui n'avait pas encore quitté le fond de la sacoche et longer les murs lentement à l'écoute des véhicules pouvant arriver, prêts à se plaquer aux parois.
L'un de ces tunnels est équipé à chacune de ces extrémités de panneaux lumineux signalant la présence de cyclistes à l'intérieur mais on a beau presser désespérément le bouton d'allumage, cela ne fonctionne pas. A bien y réfléchir, c'est pire que de ne pas avoir de panneaux car les automobilistes ne s'attendent alors pas du tout à nous rencontrer dans le tunnel…
L'heure avance et nous poussons jusqu'au village du Truel pour la halte du casse-croûte, à la recherche d'un café. Après quelques minutes de recherche, il n'y en a aucun dans le village. Par chance, nous pouvons nous installer à la terrasse d'un restaurant. Nous avons déjà parcouru près de 80 km mais il en reste encore une cinquantaine pour gagner notre ville étape du jour, Millau.
A la reprise vers 14 h 00, la chaleur écrase tout (il fait 37° C) et comme il n'existe plus de route longeant au plus près la rivière, nous devons commencer par une longue côte de 5 km en plein soleil qui se transforme très vite en un véritable calvaire, nous imposant de nombreux arrêts à l'ombre des quelques arbres. Il faudra même parfois pousser le vélo pour ne pas mettre le cœur dans le rouge. En plus, plusieurs raidillons plus courts mais tout aussi pentus nous attendent un peu plus loin finissant de nous achever. C'est dommage car cela nous empêche de profiter pleinement du superbe panorama sur la vallée du Tarn. Les bidons, pourtant remplis au restaurant, se vident à la vitesse de la lumière et sont déjà presque vides. Il faut vite trouver un point d'eau mais nous ne traversons aucun village et ne trouvons aucun café. Nous devons encore patienter jusqu'à une quinzaine de kilomètres de Millau pour enfin rejoindre les rives du Tarn et une base nautique avec sa buvette salvatrice, ses boissons fraîches et ses glaces.
Epuisés, nous rejoignons le village de Peyre avant de passer sous le viaduc de Millau, perché dans le ciel comme accroché aux nuages. Une fois à Millau, avant de rejoindre notre hôtel, nous faisons un arrêt dans une superette pour acheter quelques fruits et deux bouteilles d'une eau minérale de Lozère désormais connue de tous. Pour quelques kilomètres, cette étape n'aura pas été la plus longue mais très certainement la plus éprouvante en raison de la dénivelée et d'une chaleur étouffante. A l'hôtel, la douche est un véritable bonheur tout comme le dîner dans le restaurant situé de l'autre coté de la route. Le soir, une fois couché, la température est encore suffocante. La nuit promet d'être pénible d'autant plus que les fenêtres, laissées ouvertes dans l'espoir d'un petit courant d'air, donnent directement sur la route d'Aguessac.
Effectivement, dormir n'a pas été une sinécure. Aussi bien Christian que moi, nous nous sommes éveillé plusieurs fois en sueur et le matin, lorsque l'heure de se lever arrive, on a plutôt envie de rester sous les draps. Une bonne douche fait beaucoup de bien mais la chaleur est déjà présente : en sortant dehors pour aller prendre le petit-déjeuner, on ne ressent même pas la fraîcheur de l'air. Au départ, nous passons par le supermarché juste à coté de notre hôtel pour acheter notre casse-croûte du midi.
Nous traversons ensuite le Tarn, au niveau de sa confluence avec la Dourbie puis prenons la direction de Paulhe en rive gauche du Tarn, pour éviter l'ancienne route nationale d'Aguessac. Au dessus de nos têtes, les premiers parapentistes se sont déjà élancés du haut du causse noir et atterrissent dans un champ en bordure de route. C'est la fin de la terra incognate même si nous ne venons que rarement dans les environs. Au village de La Cresse, Chritian, un peu fatigué, préfère rejoindre la rive droite de la rivière pour rejoindre Le Rozier par un itinéraire au profil moins tortueux. De mon coté, je poursuis sur l'itinéraire prévu en rive gauche qui m'amène à Peyreleau puis au Rozier.
Une fois franchi le pont sur le Tarn à la confluence avec la Jonte aux eaux transparentes, je retrouve Christian qui m'attend tranquillement attablé à une buvette. La circulation est maintenant dense avec de très nombreux camping-cars ou caravanes sans oublier les véhicules des loueurs de canoë qui remontent leurs embarcations jusqu'aux différents points de départs dans les gorges du Tarn.
Rien de surprenant à cela, les vacances battent leur plein et nous nous y attendions lorsque nous avions caler le calendrier de ce voyage. Il faut donc faire avec lorsque nous repartons vers Les Vignes sur une route désormais familière qui nous ramènent en Lozère. Malgré cela, le paysage offert par les hautes falaises calcaires des causses est toujours aussi spectaculaire.
Après le Pas de Souci où vous trouverez des traces du passage de Gargantua, les falaises des Baumes Hautes propices à l'escalade, les Détroits et le superbe hameau des Crozes, nous arrivons à La Malène pour une petite pause au café. En cette fin de matinée, le ciel bleu a laissé place aux nuages de plus en plus nombreux, avec une température toujours caniculaire. Nous poursuivons notre route en passant devant le village de Hauterive accessible par barque ou grâce à une nacelle suspendue à un câble puis devant le château de la Caze avant d'atteindre Sainte-Enime où nous nous arrêtons pour pique-niquer. Malgré le monde, le cafetier nous permet de nous installer à une table. Comme depuis notre départ de Mende, nous en profitons pour déguster aussi une bonne glace. Après quoi la reprise promet d'être difficile avec une chaleur qui dépasse les 32°C.
En plein été, le débit du Tarn est maintenant faible mais cela n'empêche pas ses eaux vertes de se transformer en une véritable autoroute à canoës multicolores. Il va bientôt y avoir des bouchons et les places sur les gravières pour les haltes et les pique-niques vont manquer… Il ne nous reste maintenant plus qu'une trentaine de kilomètres à parcourir pour arriver à Florac. Les petits faux plats montants vers Prades et Montbrun passent assez facilement et, après un ultime arrêt au café d'Ispagnac, nous arrivons à destination vers 16 h 00. Cette étape est la plus courte à tout point de vue ce qui nous laisse du temps libre pour regarder la fin de l'étape du tour de France durant laquelle les coureurs se frottent au redoutable col de la Colombière. Encore trois jours et il leur faudra affronter la montée Jalabert pour l'arrivée à Mende.
En attendant, nous nous reposons en profitant enfin d'une atmosphère plus agréable. Ce soir, nous sommes en demi pension. Ca tombe bien car l'hôtel est vraiment à l'écart du centre ville de Florac et cela nous évite une bonne marche à pied pour nous y rendre. En soirée, nous pouvons enfin respirer dans notre chambre qui donne sur l'arrière du bâtiment, du coté ombragé et à l'opposé de la route nationale. La nuit promet d'être fraîche, agréable et silencieuse, que du bonheur !
Ouf, la nuit fut longue, ininterrompue et calme. Bref, elle nous a permis de récupérer convenablement des efforts et de la fatigue accumulés les jours précédents pour entamer cette dernière étape dans de bonnes conditions. Déjà la dernière étape. Au moment du départ il y a douze jours, ce 14 juillet semblait très lointain et aujourd'hui notre périple touche à sa fin. Ce soir, on dormira à la maison.
Au réveil, le temps est très couvert avec un vent du sud soufflant assez fort ce qui a fait chuter la température. La pluie va-t-elle nous réserver une mauvaise surprise alors qu'elle nous avait épargné jusqu'à présent ? Pour franchir le col de Finiels et rouler jusqu'aux sources du Tarn puis du Lot, nous voyageons léger : les sacoches sont rangées dans le coffre de la voiture de Marie, accompagnée de sa sœur, qui sont venues nous rejoindre vers 9 h 00. Et pour notre plus grand plaisir, elles se sont aussi occupées du pique-nique.
Le vélo allégé, nous commençons cette dernière longue ascension jusqu'au sources du Tarn par Bédouès et Cocurès avant de passer devant le château du Miral. A partir d'ici, la pente très douce s'accentue sans dépasser les 5 %. Afin de garder des forces pour le final, nous roulons à l'économie, comme de gros diesels mais sans les gaz à effet de serre ! De leur coté, Marie et sa sœur progressent par saut de puce, en profitant des paysages superbes de la haute vallée du Tarn tout en nous attendant pour vérifier que tout va bien.
En approchant du Pont de Montvert, le soleil commence à craquer l'épaisse couche de nuages. La température encore un peu fraîche jusqu'à là devient idéale pour la pratique du cyclotourisme, ni trop chaud, ni trop froid. Arrivé dans le bourg, c'est l'effervescence : sur le quai principal se tient un marché aux produits régionaux. Nous en profitons pour y acheter le pain, quelques gâteaux et des viennoiseries que l'on déguste tous ensemble à la terrasse d'un café presque surpeuplé.
C'est à la sortie du bourg que commence la véritable ascension du versant sud du col de Finiels. Les sept premiers kilomètres nous amène au village de Finiels, à 1 200 m d'altitude. Notre inquiétude quant à la pluie grandi en même temps que le sommet de Finiels disparait dans de gros nuages noirs et que les voitures qui descendent apparaissent tous feux allumés. A la sortie du village, la pente, qui avoisinait jusqu'alors les 5 à 6 %, dépasse les 7 % sur plus de deux kilomètres. C'est la portion la plus exigeante de l'ascension d'autant plus que le vent y est parfois défavorable mais une fois arrivé à l'ancienne maison de cantonnier, la pente s'adoucit de plus en plus jusqu'au sommet du col, à 1 541 m. Nous voici maintenant en zone cœur du parc national des Cévennes et nous venons de passer le cap symbolique des 1 000 km depuis notre départ..
Le vent qui souffle assez fort chasse les nuages, nous permettant de profiter d'un généreux soleil. Il faut toutefois trouver un coin abrité du vent mais ensoleillé pour le pique-nique gastronomique voire gargantuesque qui nous attend : saucisse sèche, pâté, salade de pâtes, fromage, fruits et gâteaux, arrosés de vin rouge. Voici qui nous change de l'ordinaire sandwich au jambon et de la banane !
Après avoir recharger les batteries, il nous faut maintenant prendre la route forestière du mont Lozère pour rejoindre es sources du Tarn, à un peu plus de 5 km du col. Il s'agit en fait d'un large chemin parfois très caillouteux mais globalement bien roulant avec un VTT ou un VTC. C'est plus difficile avec un vélo lassique et Christian est obligé de rebrousser chemin à mi distance en raison d'un passage trop défoncé. Je poursuis donc seul sur ce chemin jusqu'à atteindre le panonceau indiquant la direction des sources.
Il faut alors laisser le vélo le long d'une clôture pour faire les 150 derniers mètres à pied sur un sentier. Une fois franchie la ligne de crête, elles apparaissent enfin, au milieu des prairies humides d'altitude et d'un troupeau de brebis dont le berger, qui faisait tranquillement une petite sieste, se lève en entendant les aboiements des chiens qui m'ont repéré au loin. A mon retour, je croise Marie et sa sœur qui profitent du beau temps pour se balader à pied et rattrape Christian qui m'attendait un peu avant le col. Rapidement, nous attaquons avec le vent dans le dos la descente très rapide sur Le Bleymard et la vallée du Lot. Au village, Christian trop fatigué par cette rude journée et les précédentes m'attend au café pendant que je prends la direction du col des Tribes.
Arrivé au pont sur le Lot, qui a l'apparence d'un simple ruisselet, il faut prendre la route de Malecombe avant d'emprunter un chemin caillouteux pour s'approcher au plus près de la source du cours d'eau qui se perd dans les bois. Après, le VTT devient indispensable pour poursuivre alors je m'arrête là, à deux kilomètres du but. Le temps de faire quelques photographies et je redescend au Bleymard où je rejoins tout le monde, réuni à la terrasse du café. Une trentaine de kilomètres nous sépare de Mende. Malgré les courtes montées du col de la Tourette et de Badaroux, le retour est rapide grâce à ce vent maintenant favorable et qui souffle toujours autant.
Le panneau de l'agglomération de Mende apparaît enfin et un ultime passage sur la rivière via le pont Notre Dame nous ramène sur le parking où douze jours plus tôt nous partions, sonnant la fin de ce très beau voyage, la tête pleine de souvenirs et de belles images et le corps fatigué par plus de 1 060 km et près de 7 400 m de dénivelée quand même ! Mais après quelques jours de repos, aucun doute que l'idée de repartir trotera déjà dans la tête...
© les balades à vélo de Pierrot - récit en date de .
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